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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/88

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Les lâches, pour arriver à leurs fins, emploient tous les moyens ; ils ne reculent pas devant les plus grandes injustices.

Rougeaud, en serviteur fidèle, se rendit vers quatre heures à l’école de Mlle Bonneterre. Celle-ci venait à peine de terminer sa classe. En le voyant, elle eut un soupçon ; son cœur se mit à battre avec émotion. Que me veut-il ? se dit-elle. Consciente de la nécessité où elle était de gagner sa vie et de soutenir son vieux père, elle redoutait toujours d’entendre quelqu’un porter des plaintes contre elle. Rougeaud, plus que tout autre, lui faisait peur.

— Mademoiselle, dit notre apôtre, en entrant, je viens vous entretenir un instant d’une affaire qui a son importance. Vous savez que je m’intéresse à vous et à votre bon vieux père. Je ne veux que votre bien. Aussi je ne peux entendre les critiques faites sur votre manière d’enseigner sans vous les communiquer. En ce moment, Marie, la paroisse est en agitation au sujet de l’auberge. Vous vous êtes permis des appréciations peu flatteuses sur le compte de ceux qui prétendent avoir le droit de la défendre. Si je viens ce soir, c’est pour vous dire, Marie, que vous n’êtes pas assez prudente. Vous le savez, un mot mal compris par les enfants, et mal rapporté dans la famille, peut suffire pour indisposer des paroissiens contre vous. C’est donc de votre intérêt bien entendu de garder le