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AUTOUR D’UNE AUBERGE

— Mademoiselle, tout cela, c’est beau, mais c’est du sentiment, lorsque, comme vous, on est obligé de servir le public, il faut bien mettre un peu d’eau dans son vin.

— Monsieur Rougeaud, si mon enseignement est faux, dites-le moi ! Si, au contraire, il est basé sur la doctrine de l’Église, je ne vois pas ce que l’on aurait à me reprocher !

— Marie, reprit Rougeaud, je ne veux pas vous faire de la peine, oh, non ! mais il est des moments où certaines morales font plus de tort que de bien…

— À qui, M. Rougeaud, les leçons que j’ai données ont-elles pu nuire ?

— Tous les gens de la paroisse, reprit Rougeaud, ne sont pas du même sentiment sur cette question ; et, en ami, vous seriez mieux d’attendre un autre moment pour les froisser.

— Monsieur Rougeaud, dit à son tour Marie, ma conscience ne me reproche rien, je ne fais que mon devoir, et je n’ai besoin de personne pour me montrer à enseigner le catéchisme… Sur ce terrain je suis dans mon domaine.

— Mademoiselle, vous oubliez peut-être que vous devez compter sur la paroisse pour subvenir à vos besoins et à ceux de votre père ; c’est pour vous prévenir que je me suis dérangé cet après-midi ; au reste, de ce pas, je me rends chez votre père, et nous continuerons