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THUCYDIDE, LIV. I.

gés de se rendre après neuf mois de siége. Ils s’engagèrent, par la capitulation, à raser leurs murs, à donner des otages, à livrer leurs vaisseaux, et se soumirent au remboursement des frais de la guerre par des paiemens à époques fixées. Ceux de Byzance convinrent de rester, comme auparavant, dans l’état de sujets.

Chap. 118. Peu d’années après survinrent les événemens dont j’ai déjà parlé ; l’affaire de Corcyre, celle de Potidée, et tout ce qui, sur ces entrefaites, servit de prétexte à la guerre [que je vais écrire]. Toutes ces entreprises des Hellènes, ou les uns contre les autres, ou contre les Barbares, occupèrent à peu près une période de cinquante ans, depuis la retraite de Xerxès jusqu’au commencement de cette guerre. Dans cet intervalle de temps, les Athéniens étendirent et consolidèrent leur domination, et s’élevèrent à un haut degré de puissance. Les Lacédémoniens le virent, et ne s’y opposèrent que dans quelques circonstances de peu de durée ; mais, en général, ils restèrent inactifs, toujours lents à s’engager dans des guerres, à moins qu’ils n’y fussent contraints ; occupés d’ailleurs d’hostilités particulières. Mais enfin, la puissance athénienne prenant de jour en jour un nouvel accroissement, et menaçant même leurs propres alliés, ils crurent alors qu’il ne fallait plus l’endurer, qu’il était temps de combattre avec vigueur cette république ambitieuse, et d’anéantir, s’il était possible, sa domination. Ils déclarèrent donc la trève rompue, et les Athéniens coupables. Ils envoyèrent chez les Delphiens demander au dieu s’ils auraient l’avantage dans la guerre qu’ils méditaient. Le dieu, dit-on, répondit qu’en combattant de toutes leurs forces, ils obtiendraient la victoire, et qu’il les secourrait s’ils l’invoquaient, et même s’ils ne l’invoquaient pas.

Chap. 119. Ils assemblèrent une seconde fois les alliés pour mettre aux voix s’il fallait entreprendre la guerre. Les députés des villes confédérées arrivèrent : l’assemblée se forma, et chacun parla suivant son opinion ; mais le plus grand nombre accusa les Athéniens et se déclara pour la guerre. Les Corinthiens avaient prié les députés de chaque ville en particulier d’énoncer ce vœu, craignant, si l’on différait, que Potidée ne fût enlevée. Ils étaient présens ; s’avançant les derniers, ils s’exprimèrent à peu près en ces termes :

Chap. 120. « Nous ne reprocherons plus aux Lacédémoniens, ô alliés, de n’avoir pas eux-mêmes décrété la guerre, et de ne nous avoir pas, dans ce dessein, rassemblés aujourd’hui (ils ont satisfait à ce devoir). Il convient en effet que les chefs, ne prétendant à aucun privilége dans les affaires particulières, se croient obligés à veiller les premiers sur les affaires publiques, comme ils sont les premiers à recevoir les hommages.

» Il n’est pas besoin d’avertir ceux d’entre vous qui ont eu des rapports avec Athènes, de se tenir en garde. Quant à ceux qui habitent l’intérieur des terres, et non près des débouchés nécessaires au commerce, qu’ils sachent que s’ils ne protégent pas les habitans des côtes, ils auront plus de peine à exporter les produits annuels du territoire, et à se procurer en échange ce que la mer donne au continent. Ils seraient de mauvais juges des intérêts qui nous occupent, s’ils croyaient y être étrangers : ils doivent, au contraire, s’attendre à voir tous les maux arriver jusqu’à eux, s’ils négligent la défense des côtes, et se bien persuader qu’aujourd’hui leurs propres intérêts nous occupent autant que les nôtres. Qu’ils n’hésitent donc pas à renoncer à la paix