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THUCYDIDE, LIV. II.

de ne pas mener les troupes au combat ; on le regardait comme la cause de tout ce qu’on souffrait.

Chap. 22. Périclès les voyant aigris de leur position et incapables d’une sage résolution, et croyant cependant avoir raison de s’opposer à leur sortie, ne convoqua pas d’assemblée, et ne permit pas de rassemblemens, dans la crainte que le peuple ne fît quelque faute en délibérant avec plus de passion que de jugement. Il tint les yeux ouverts sur la ville, et, autant qu’il le put, il y maintint le repos. Mais chaque jour il faisait sortir de la cavalerie, pour incommoder les coureurs qui, s’écartant du gros de l’armée, tombaient sur les champs voisins d’Athènes. Il y eut à Phrygies un petit choc de cavalerie athénienne et thessalienne contre la cavalerie béotienne. Les Athéniens et les Thessaliens se soutinrent sans désavantage jusqu’à l’arrivée des Béotiens, qui les obligèrent de se retirer avec peu de perte ; ce qui ne les empêcha pas, le jour même, d’enlever leurs morts sans accord. Le lendemain, les Péloponnésiens dressèrent un trophée.

Les Thessaliens donnaient du secours à Athènes en conséquence de l’alliance qui existait entre les deux peuples. Il vint des Thessaliens de Larisse, de Pharsale, de Paralus, de Cranon, de Pirasus, de Gyrtone et de Phères. Ils étaient commandés par Polymède et Aristonoüs, tous deux de Larisse, mais de deux factions différentes, et par Ménon de Pharsale. Il y avait encore d’autres commandans pour les troupes de chaque ville.

Chap. 23. Les Péloponnésiens voyant leurs ennemis obstinés à ne pas en venir aux mains, s’éloignèrent d’Acharnes, et ravagèrent quelques autres démes entre les monts Parnès et Brilesse. Ils étaient sur le territoire de l’Attique, quand les Athéniens envoyèrent sur les côtes du Péloponnèse cent vaisseaux qu’ils avaient appareillés, et que montèrent mille hoplites de leur nation et quatre cents archers. Carcinus, fits de Xénotime, Protéas, fils d’Épiclès, et Socrate, fils d’Antigone, les commandaient. Ce fut avec ces forces qu’ils mirent en mer et remplirent leur mission. Les Péloponnésiens restèrent dans l’Attique tant qu’ils eurent des vivres, puis se retirèrent par le territoire des Bœotiens, au lieu de reprendre la route par où ils étaient venus. En longeant les murs d’Orope, ils dévastèrent le pays qu’on appelle la Piraïque, et qui appartient aux Oropiens, sujets d’Athènes. Arrivés ensuite dans le Péloponnèse, ils se séparèrent par républiques et rentrèrent dans leurs foyers.

Chap. 24. Après leur départ, les Athéniens établirent des gardes sur terre et sur mer, disposition qui devait durer tout le temps de la guerre. Il fut décrété que sur les sommes déposées dans l’acropole, il serait levé mille talens qu’on mettrait à part sans pouvoir les dépenser, et que le reste serait consacré aux frais de la guerre. La peine de mort fut prononcée contre celui qui oserait proposer de toucher à cette somme, à moins que ce ne fût pour repousser l’ennemi, s’il venait attaquer Athènes par mer. On ordonna aussi qu’on ferait tous les ans un triage des meilleures galères, jusqu’à la concurrence de cent, auxquelles on nommerait des commandans ; et l’on ne pourrait disposer de cette flotte, ni de la somme, que dans le même temps, et pour repousser, au besoin, le même danger.

Chap. 25. Les Athéniens qui étaient partis pour tourner le Péloponnèse avec les cent vaisseaux, et avec un renfort de cinquante vaisseaux corcyréens et d’alliés de ces contrées, infestèrent divers