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THUCYDIDE, LIV. IV.

incursion : en effet, ils ne restèrent que quinze jours dans l’Attique.

Chap. 7. Vers le même temps, Simonidès, général athénien, prit l’Éione de l’Épithrace, colonie de Mendé, ennemie d’Athènes ; elle lui était livrée par trahison. Il avait, pour ce coup de main, rassemblé quelques Athéniens des garnisons et beaucoup d’alliés du pays. Mais, les Chalcidiens et les Bottiéens étant venus promptement au secours, il fut chassé et perdit une partie de son monde.

Chap. 8. Aussitôt après leur retour de l’Attique, les Spartiates avec leurs périèces se portèrent en hâte au secours de Pylos. D’autres Lacédémoniens, récemment revenus d’une autre expédition, les rejoignirent plus tard. Mais l’ordre fut envoyé dans tout le Péloponnèse de se rendre le plus promptement possible à Pylos. On fit aussi passer des avis aux soixante vaisseaux qui étaient à Corcyre : ils furent transportés sur des machines par-delà l’isthme des Leucadiens. Échappés à la vigilance de la flotte athénienne qui stationnait devant Zacynthe, ils arrivent à Pylos, où déjà s’était rendue l’armée de terre. Pendant que les Péloponnésiens étaient encore en mer, Démosthène dépêche en secret deux de ses bâtimens à Eurymédon et aux Athéniens qui étaient avec lui sur la flotte devant Zacynthe, pour les informer du danger que court la place et de la nécessité d’un prompt secours. Sur cet avis, on s’empresse de mettre à la voile. Déjà les Lacédémoniens se disposaient à attaquer les retranchemens et par mer et par terre, espérant emporter facilement des constructions bâties à la hâte et défendues par une poignée d’hommes. Ils s’attendaient à voir arriver de Zacynthe la flotte athénienne ; aussi avaient-ils projeté, dans le cas où ils ne seraient pas maîtres de la place avant l’arrivée de ce secours, d’obstruer les entrées du port, pour empêcher les Athéniens d’y pénétrer : car l’île appelée Sphactérie, qui borde le port, et se rapproche beaucoup du continent, rend ce port sûr et en étrécit les deux entrées, dont l’une, du côté de Pylos et des nouvelles fortifications des Athéniens, laisse passage à deux bâtimens de front, et l’autre, vers la côte opposée, à huit ou neuf ; l’île est entièrement déserte, pleine de bois, et sans route tracée ; elle a de circuit environ quinze stades.

Les Lacédémoniens se proposaient donc de boucher les avenues du port avec plusieurs rangs de vaisseaux accolés et la proue tournée du côté de l’entrée. Mais, comme ils appréhendaient que l’ennemi ne se fit, pour les incommoder, une place d’armes de Sphactérie même, ils y transportèrent des hoplites, et en établirent aussi sur le continent. Par l’effet de ces dispositions, vraisemblablement, sans combat naval, sans péril, ils réduiraient une place qui manquait de vivres et n’avait pu faire que fort à la hâte ses provisions de guerre ; tandis que les Athéniens auraient contre eux, et l’île garnie de troupes, et le continent, où ils ne pourraient effectuer de descente : car, la côte même de Pylos, en dehors de l’entrée du port et du côté de la plaine, étant de difficile abord, ils ne trouveraient pas de point d’où ils pussent se porter à la défense des leurs. Le plan arrêté, ils jettent aussitôt dans l’île une garnison composée d’hoplites pris au sort dans toutes les divisions de l’armée : d’autres ensuite y passèrent pour relever ceux-ci, et furent à leur tour remplacés. Enfin, ceux qui y passèrent les derniers, et qu’on fut obligé d’y laisser, étaient au nombre de quatre cent vingt, sans compter les Hilotes attachés à leur service : Épitadas, fils de Molobrus, les commandait.