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Athéniens aux Perses, et les Lacédémoniens aux autres troupes auxiliaires. L’avantage de cette combinaison revenait aux Grecs, car on allait les mettre en face d’adversaires qui connaissaient leur valeur. Cependant, soit que cette résolution eût été prise trop tard, ou qu’on ne l’eût pas exécutée avec assez de promptitude, le mouvement s’opérait encore quand le point du jour arriva.

Mardonius fut bien étonné de trouver les Grecs sous les armes ; toutefois il pénétra le dessein de Pausanias et d’Aristide. Ne pouvant plus les surprendre, Mardonius ne voulut pas perdre son avantage ; il masqua sa manœuvre, fit passer les Perses à sa droite, et rétablit les premières dispositions de ses troupes.

Ce général fit preuve d’une bien plus grande connaissance de la guerre, en occupant les passages par où les vivres arrivaient au camp des Grecs, leur interceptant même l’eau, ce qui les obligea de se retirer vers une place où ils devaient en trouver plus abondamment.

Le camp fut levé pendant la nuit avec un désordre extrême. Les Spartiates et les Athéniens avaient retardé leur départ jusqu’au lever de l’aurore ; ces derniers prirent le chemin de la plaine ; les Lacédémoniens, suivis de trois mille Tégéates, défilèrent au pied du mont Cithéron. Ils furent atteints par la cavalerie persane. Mardonius lui-même, à la tête de ses meilleures troupes, passa le fleuve et soutint sa cavalerie, pendant que les Grecs auxiliaires qui composaient son aile droite tombaient sur les Athéniens et les empêchaient de donner du secours aux Spartiates.

La promptitude avec laquelle Mardonius conduisit cette attaque et les dispositions qu’il prit pour empêcher les différens corps de communiquer entre eux, méritent de grands éloges ; aussi tant qu’il vécut, les Grecs coururent le plus imminent danger ; mais ce grand capitaine tomba, frappé d’un coup mortel, et le corps d’élite au milieu duquel il combattait, découragé à l’aspect d’une pareille perte, ayant fléchi un instant, les autres tournèrent le dos et abandonnèrent la victoire.

Pendant ce temps, les Athéniens, favorisés par la supériorité de leurs armes, obtenaient séparément des succès sur les barbares. Artabaze qui commandait un corps de quarante mille hommes, voyant les Perses en déroute, loin de faire des efforts pour rétablir le combat, s’enfuit en toute hâte, avec l’intention d’arriver le plus tôt possible à l’Hellespont.

Si l’on en excepte les Béotiens, tous les Grecs du parti du roi se conduisirent lâchement de dessein prémédité, et se retirèrent vers la ville de Thèbes. Quant aux Perses, battus et mis en fuite par les Spartiates, ils se sauvèrent en désordre dans leurs retranchemens, où ils furent forcés et exterminés.

La bataille de Platée (479 av. not. ère) eut pour résultat l’anéantissement de l’armée perse ; mais les Grecs y furent plutôt servis par les événemens que par leur propre mérite. C’est ce qui a fait dire qu’en cette occasion les dieux eux-mêmes s’étaient rendus les auxiliaires de ces héros défenseurs de la liberté. En effet, cette retraite exécutée devant l’ennemi avec assez peu de précautions pour s’exposer à être attaqués séparément, ne pouvait manquer de devenir funeste aux Grecs, sans la mort de Mardonius, celle de Masistius, général de la cavalerie persane, et surtout sans la défection d’Artabaze, trois incidens sur lesquels on ne pouvait raisonnablement pas compter.

Après la bataille de Platée, on continua de combattre, mais Xerxès ayant été assassiné, Artaxerxès, son succes-