Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
THUCYDIDE, LIV. V.

avaient des intentions droites, rendissent Panactum en bon état, restituassent Amphipolis, et abjurassent l’alliance des Béotiens, si ces Béotiens refusaient d’entrer dans la trève ; et cela, conformément à l’article qui portait que l’une des deux nations ne pourrait traiter sans l’autre. Les députés avaient ordre d’ajouter que, si Lacédémone s’obstinait dans l’injustice, Athènes allait recevoir les Argiens dans son alliance, et que déjà même ils étaient arrivés pour cet objet. En expédiant Nicias et ses collègues, on leur donna des instructions sur tous les autres griefs. À leur arrivée, ils annoncèrent les différens objets de leur mission, et finirent par déclarer que, si Lacédémone ne renonçait pas à l’alliance des Béotiens, en cas qu’ils ne voulussent pas accepter la trève, Athènes, de son côté, admettrait dans son alliance les Argiens et leurs amis.

Subjugués par l’ascendant de l’éphore Xénarès et de ceux de sa faction, les Lacédémoniens répondirent qu’ils ne renonceraient pas à l’alliance de la Béotie. Cependant, à la réquisition de Nicias, le serment de la trève fut renouvelé. Il craignait de se retirer sans avoir pu rien obtenir ; de devenir l’objet de mauvais propos, comme il le fut en effet, et de passer pour l’auteur de la trève avec Lacédémone. À son retour, les Athéniens, apprenant qu’il n’avait rien obtenu, s’emportèrent contre lui. Les Argiens et leurs alliés se trouvaient là : Alcibiade les introduisit dans l’assemblée. Ils conclurent un traité de paix et d’alliance offensive et défensive aux conditions suivantes :

Chap. 47 . « Un sincère et utile traité de paix de cent années, et par terre et par mer, a été conclu entre les Athéniens et leurs alliés, d’une part, et les Argiens, les Mantinéens et les Éléens, de l’autre.

» Durant ce temps, les Argiens, les Éléens, les Mantinéens, et leurs alliés, n’attaqueront, ni ouvertement ni par surprise, Athènes et les alliés de sa domination. Les Athéniens et leurs alliés contracteront le même engagement envers les Argiens, les Éléens, les Mantinéens et leurs alliés.

» À ces conditions, les Athéniens, les Argiens, les Éléens et les Mantinéens seront alliés pendant cent ans ; et si des ennemis entrent sur les terres des Athéniens, les Argiens, les Éléens et les Mantinéens dirigeront sur Athènes toutes les forces que réclameront les Athéniens.

» Les agresseurs d’Athènes, se retirant après avoir exercé des ravages, seront déclarés ennemis des Argiens, des Mantinéens, des Éléens et des Athéniens, et livrés aux hostilités de toutes ces républiques, dont aucune ne pourra faire la paix avec les agresseurs sans l’aveu de toutes.

» Si des ennemis entrent sur les terres des Éléens, des Mantinéens, des Argiens, les Athéniens secourront avec toute la vigueur possible, Argos, Élis, Mantinée, sur la réclamation de ces peuples.

» Et si ces ennemis se retirent après avoir fait le dégât, leur pays, considéré comme ennemi des Athéniens, des Argiens, des Mantinéens, des Éléens, sera livré aux hostilités de toutes ces républiques, et la paix ne pourra leur être accordée que du consentement de toutes.

» Elles ne souffriront pas que des gens armés, dans des intentions hostiles, traversent leur pays ni celui des alliés soumis à leur domination, ni la mer, à moins d’une autorisation décrétée à-la-fois par les villes d’Athènes, d’Argos, de Mantinée, d’Élis.

» La ville qui demandera des secours, sera tenue de fournir aux troupes qui