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adoptée chez les nations qui cultivaient l’art militaire.

Nous avons vu que la cavalerie se trouvait divisée en îles ou escadrons d’environ soixante-quatre combattans ; que chaque île était commandée par un ilarque, et que ce chef se plaçait à la pointe du rhombe et à celle du coin. Cette dernière figure fut mise en usage par Philippe, roi de Macédoine ; Alexandre, au contraire, employa régulièrement la forme rectangulaire plus ou moins profonde ; mais il fit ses îles ou escadrons beaucoup plus forts, et les porta jusqu’à deux cent vingt-cinq hommes dans sa cavalerie d’élite.

On sait que l’île était l’unité de force pour former des corps plus considérables ; qu’avec huit îles on composait une hipparchie de cinq cent douze combattans, corps que les Romains nommaient ala, et que nous désignons par régiment. Avec huit hipparchies on réunissait un épitagme, c’est-à-dire une réserve. Les armées grecques n’eurent jamais plus d’un épitagme de cavalerie.

L’ordre de bataille de l’infanterie était l’ordre profond appelé phalange. Cette disposition se formait par des files accolées les unes aux autres, de manière à marquer les rangs. Deux files composaient une section ; dans chaque file se trouvait un chef de file et un serre-file.

La profondeur de la phalange a varié selon les temps, les nations, et le système des généraux. Toutefois, il ne paraît pas qu’elle ait jamais eu moins de huit hommes dans la file, et cette ordonnance résultait ordinairement d’une disposition première plus profonde. Nous avons vu que les plus habiles tacticiens adoptèrent le nombre seize pour ordre primitif et habituel, comme favorable au doublement et au dédoublement. Ainsi la phalange avait la forme d’un rectangle traversé dans son milieu par un axe parallèle au front, et par des axes perpendiculaires marquant les sections, composées de deux files chacune : au moyen de cette formation, la phalange pouvait facilement se doubler, et présenter trente-deux hommes de profondeur ; ou bien on la dédoublait pour la réduire à huit hommes par file. Au-dessous de cette limite, les Grecs regardaient l’ordre de bataille comme sans consistance.

La force de la phalange élémentaire était de quatre mille quatre-vingt-seize hommes ; et la réunion des quatre phalanges élémentaires formait la phalange complète. Cette infanterie de bataille, forte de seize mille trois cent quatre-vingt-quatre combattans, pesamment armés, était accompagnée d’ordinaire de huit mille cent quatre-vingt-douze soldats, armés plus légèrement, et de quatre mille quatre-vingt-seize hommes de cavalerie.

La phalange se tenait dans son ordre de bataille, à files ouvertes, serrées, ou très serrées. Le premier cas avait lieu lorsque les troupes légères, placées en avant, devaient se retirer à travers les intervalles de la phalange ; la deuxième disposition était relative à l’attaque ; et la troisième se prenait en joignant les boucliers pour soutenir le choc.

Chez les Grecs, les troupes légères commençaient toujours le combat, puis elles se retiraient derrière la phalange pour la soutenir par des armes de jet. La cavalerie se plaçait aux ailes, afin d’agir sur les flancs de l’ennemi ; quelquefois même une partie de la cavalerie se tenait derrière la phalange, et pénétrait avec elle dans les trouées ; mais l’ordre de bataille se modifiait suivant le génie du général, et les circonstances dépendantes des localités et de la disposition de l’armée ennemie.