Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/39

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Les armes variaient aussi selon le caractère du combattant. Le casque, la cuirasse, les bottines et le bouclier formaient les armes défensives de l’hoplite. Pour armes offensives, il portait la pique ou la sarisse et l’épée. Son bouclier était ordinairement d’airain ; il couvrait tout son corps, et, appuyé sur la terre, montait jusqu’à la hauteur de son cou. Sa forme en ovale présentait deux échancrures vers ses flancs, ou au moins une, du côté de la pique ; ses deux extrémités se terminaient en pointe. Les boucliers portaient souvent un emblème, et l’on cite ce Spartiate qui, ayant fait peindre une mouche de grandeur naturelle sur le sien, répondit à ceux qui critiquaient un insigne presque imperceptible, qu’il approcherait l’ennemi de manière à le lui faire voir distinctement.

L’épée du peltaste, ou soldat léger, différait peu de celle de l’hoplite ; mais au lieu de la sarisse, il portait un javelot, son casque avait moins de pesanteur, et son bouclier ressemblait pour la forme à la feuille de lierre. Il ne faisait point usage de la cuirasse, seulement les parties les plus importantes de son corps se trouvaient quelquefois garanties par des plaques d’airain.

Le psilite, ou soldat mince, combattait avec un javelot, un arc, des flèches, une fronde, des pierres et des traits qu’il lançait à la main.

Les armes défensives du cavalier étaient le casque qui descendait jusqu’au milieu du visage, afin de parer les traits lancés par la ligne parabolique ; un petit bouclier de forme ronde qu’il portait au bras gauche, tandis que des plaques d’airain garantissaient son bras droit et ses cuisses. Il avait aussi des bottes de cuir armées d’éperons. La lance, la petite épée et quelquefois la javeline formaient ses armes offensives. Les archers à cheval ne combattaient pas en troupes. Les cavaliers et les fantassins isolés étaient habillés fort diversement.

Les armes des Athéniens subirent quelques changemens sous Iphicrate. Il remplaça la cuirasse de cuivre par une cuirasse de toile, recouverte de lames de fer ; diminua la dimension du bouclier ; allongea la pique d’un tiers, et l’épée de moitié. Il fit aussi donner au soldat une chaussure plus légère et plus commode. Philopœmen, général des Achéens, allongea encore la pique, mais n’adopta pas les autres modifications d’Iphicrate ; il rendit à ses soldats les grands boucliers des hoplites et leurs cuirasses pesantes. On doit croire que ces deux habiles capitaines agissaient suivant les besoins de leur époque.

Il est facile de découvrir les qualités de la phalange grecque ; elle avait au suprême degré la force du choc, résultante d’une grande pression ; mais elle se trouvait trop massive pour pouvoir être animée d’une vitesse même médiocre. Obligée de serrer les sections pour attaquer, elle fermait ses intervalles, et ne permettait plus aux troupes légères d’agir avec confiance en avant de son front ; sa cavalerie même devait rarement la seconder, car il lui était difficile de combiner son action avec la sienne. Lorsque la phalange se doublait en hauteur, ces défauts devenaient encore plus sensibles ; elle n’était plus, pour ainsi dire, qu’une masse résistante, incapable de l’activité nécessaire pour combattre ailleurs que dans un pays de plaine.

Cependant l’attaque des phalanges grecques avait quelque chose d’énergique et de militaire qui devait inspirer la terreur et l’admiration. Le combat des troupes légères n’était qu’un faible prélude qui laissait à ce corps de bataille le temps de s’ébranler avec ensemble. Lui seul joignait l’ennemi ; et dans ce choc terrible, la précision, l’agilité, la force,