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THUCYDIDE, LIV. VIII.

Chap. 37. « Suivant l’accord fait entre les Lacédémoniens et leurs alliés, d’une part, et le roi Darius, les enfans de ce prince et Tissapherne, de l’autre, il y aura paix et amitié entre eux, aux conditions suivantes :

» Toutes les contrées et les villes qui appartiennent au roi, ou qui ont appartenu à son père ou à ses ancêtres, ne seront exposées à la guerre ni à aucun dommage de la part des Lacédémoniens ni des alliés de Lacédémone.

» Les Lacédémoniens ni les alliés des Lacédémoniens ne pourront lever sur ces villes aucun tribut.

» Le roi Darius, ni ceux à qui ce roi commande, ne se dirigeront sur les terres de la Laconie ou de leurs alliés, soit pour leur faire la guerre, soit pour leur causer un dommage quelconque.

» Si quelque demande est faite au roi par Lacédémone et ses alliés, ou par le roi à Lacédémone et ses alliés, et qu’ils parviennent l’obtenir les uns des autres, ce qu’ils feront sera bien fait.

» Ils uniront leurs armes contre Athènes et ses alliés.

» S’ils concluent la paix, ce ne sera non plus qu’en commun.

» Toute armée qui se trouvera sur les terres du roi, et qu’il aura mandée, sera entretenue aux frais du roi.

» Si quelqu’une des villes qui ont un traité avec le roi marchait hostilement sur les terres de ce prince, les autres s’opposeraient à cette entreprise, et défendraient le roi de toute leur puissance.

» Dans le cas ou une ville comprise dans les états du grand roi, ou soumise à sa domination, tenterait une irruption contre Lacédémone, ou contre ses alliés, le roi s’y opposerait et la défendrait de toute sa puissance. »

Chap. 38. Après cet accord, Théramène remit la flotte à Astyochus, monta sur un bâtiment léger et disparut. Quant à l’armée athénienne, elle venait de passer de Lesbos dans l’île de Chio : maîtres de la terre et de la mer, ils environnèrent d’un mur Delphinium, place d’ailleurs forte du côté de la terre, munie de ports, et peu éloignée de la ville de Chio. Les habitans de l’île, affligés du malheur constant de leurs armes, d’ailleurs peu d’accord entre eux, voyant en outre que Pédarite venait de punir de la peine capitale Tydée, fils d’Ion, et ceux de son parti qui tenaient pour Athènes, et que le reste de la ville se trouvait asservi par une véritable oligarchie, se tenaient dans l’inaction, livrés à des défiances réciproques : ni eux, par toutes ces raisons, ni les troupes auxiliaires de Pédarite, ne pouvaient évidemment inspirer une grande confiance. On envoya toutefois à Milet réclamer l’assistance d’Astyochus ; et, sur son refus, Pédarite fit passer des plaintes à Lacédémone. Telle était la position des Athéniens dans l’île de Chio. Leur flotte de Samos alla en course contre celle de Milet ; mais, comme on n’avançait pas à sa rencontre, elle se retira et demeura tranquille à Samos.

Chap. 30. Les Lacédémoniens, à la sollicitation de Calligite de Mégares et de Timagoras de Cyzique, avaient appareillé une flotte qu’ils destinaient à Pharnabaze : elle sortit ce même hiver du Péloponnèse, forte de vingt-sept voiles, et prit, aux approches du solstice, la route d’Ionie : Antisthène, de Sparte, la commandait. Onze Spartiates furent dépêchés à cette occasion pour aller servir de conseil à Astyochus. L’un d’eux était Lichas, fils d’Arcésilas. Ils avaient ordre, à leur arrivée à Milet, de travailler en commun à mettre toutes les affaires dans le meilleur état ; d’envoyer, s’ils le jugeaient à propos, à Pharnabaze, dans l’Hellespont, ou cette même flotte