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se disposa pour l’attaquer. Il mit son armée en bataille, appuyant la droite aux montagnes, et la gauche à la mer.

À la tête de l’aile droite, Alexandre plaça l’Agema (les Argyraspides) et les Hypaspistes sous le commandement de Nicanor ; près d’eux la phalange de Cœnus et celle de Perdiccas qui s’étendait jusqu’au centre où devait commencer l’action. Alexandre composa la gauche des phalanges d’Amyntas, de Ptolémée et de Méléagre. C’était la célèbre phalange macédonienne, composée de six sections séparées, et ayant chacune en tête un officier habile. La cavalerie macédonienne et thessalienne fut placée à la droite ; celle du Péloponnèse à la gauche, avec la cavalerie des alliés.

Alexandre se mit à la tête de l’aile droite ; Parménion prit la gauche, et sous lui, Craterus commandait l’infanterie de cette aile. Parménion avait ordre de ne point s’éloigner du rivage, dans la crainte d’être cerné par les barbares ; Nicanor, au contraire, devait se tenir assez distant des hauteurs, pour n’être point à portée des traits de l’ennemi qui les occupait.

Comme presque toute la cavalerie des Perses était portée du côté de la mer, en face de Parménion, soutenu seulement par celle des alliés et du Péloponnèse, Alexandre renforça sa gauche des chevaux thessaliens, et les fit passer sur les derrières pour n’être point vu de l’ennemi ; il couvrit la cavalerie de son aile droite, des coureurs de Protomaque, ainsi que des Pœniens commandés par Ariston ; son infanterie fut protégée par les archers d’Antiochus. Il réserva les Agriens commandés par Attalus, et quelques troupes nouvellement arrivées de la Grèce, pour les opposer à celles que Darius montrait déjà sur la montagne.

Ainsi l’aile droite était elle-même divisée en deux parties ; l’une opposée à Darius placé au-delà du fleuve, avec le gros de son armée ; l’autre regardant l’ennemi, qui la tournait sur les hauteurs. Cette disposition était nécessitée par la chaîne des montagnes qui décrivait une espèce de golfe, dans lequel une partie de l’aile droite des Macédoniens se trouvait enfermée.

La phalange de l’aile droite ayant moins de front que la gauche des Perses, Alexandre, pour lui donner plus d’étendue, la renforça par deux corps d’infanterie tirés du centre de son armée, les faisant encore filer par les derrières afin de le dérober ce mouvement ; et comme les barbares postés sur le flanc de la montagne ne descendaient point, Alexandre donna ordre à un détachement d’archers et d’Agriens de les chasser vers le sommet, ce qui lui permit de ne laisser là que trois cents chevaux et d’employer le reste des troupes à fortifier sa droite, qu’il put étendre ainsi au-delà de celle des Perses.

De son côté, Darius fit passer la rivière de Pinare trente mille chevaux et à vingt mille hommes de trait, afin de pouvoir former son ordre de bataille sans être insulté. Trente mille Grecs à sa solde, pesamment armés, composaient l’élite de ses troupes ; il les mit au centre, et fit couvrir leurs flancs par soixante mille Cardaques, armés de même, le terrain ne permettant point de présenter un front plus considérable. Le reste de l’infanterie, distingué par nation, était placé derrière la première ligne.

La profondeur de ces masses devait être extraordinaire, dans un tel défilé, surtout si l’on considère que Darius comptait six cent mille combattans. Sur la montagne qui était à gauche, du côté de la droite d’Alexandre, Darius plaça vingt mille hommes, disposés de telle façon, qu’à la faveur des