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ARRIEN, LIV. III.

fuit le premier. La cavalerie perse, qui tournait l’aile droite des Macédoniens, est mise en déroute par Arétès qui en fait un grand carnage.

Simias, apprenant que l’aile gauche des Grecs a du désavantage, cesse de suivre Alexandre et fait halte. En effet, le front ayant été ouvert, une partie de la cavalerie indienne et persane s’était fait jour jusque aux bagages des Macédoniens, où le désordre fut extrême. Les Perses y accablèrent les Grecs surpris, sans armes, et qui ne pensaient pas que l’on pût rompre les deux lignes qui les séparaient de l’ennemi. Ajoutez que les prisonniers qu’ils gardaient se tournèrent contre eux. Les chefs de la seconde ligne, à la nouvelle de ce désordre, font volte face, et, prenant les Perses à dos, en tuent une partie embarrassée dans les bagages, et mettent le reste en fuite.

L’aile droite de Darius qui ignorait sa fuite, enveloppant la gauche d’Alexandre, prenait Parménion en flanc. Dans le premier embarras, Parménion envoie prévenir Alexandre du danger où il se trouve, et lui demande du secours. Alexandre cesse de poursuivre l’ennemi, et, revenant à la tête des Hétaires, se porte vivement sur l’aile droite des Barbares, mais donne dans une partie de la cavalerie ennemie qui fuyait, composée des Parthes, des Indiens et des Perses les plus braves : le choc fut des plus terribles ; car les Barbares, se retirant en ordre de marche et en masse, tombent sur Alexandre non plus à coups de javelots ou en développant leurs manœuvres accoutumées, mais en le pressant de front et de tout le poids de leur choc, combattant en désespérés, comme des gens qui ne disputent plus la victoire, mais leur propre vie.

Il périt dans cette action soixante Hétaires ; Héphestion, Cœnus et Ménidas furent blessés.

Alexandre l’emporta. Il n’échappa que ceux qui se firent jour à travers ses rangs. Il arrive à l’aile droite ; l’avantage était rétabli par la valeur de la cavalerie thessalienne, qui rendait la sienne inutile.

Il se remet à la poursuite de Darius, et ne s’arrête qu’à la nuit.

Parménion poussait aussi de son côté les fuyards.

Alexandre, après avoir passé le Lycus, y campe pour faire rafraîchir les chevaux et les soldats.

Parménion s’empare du camp des Barbares, de tout le bagage, des éléphans et des chameaux.

Alexandre, ayant laissé reposer sa troupe, part vers le milieu de la nuit pour Arbelles, où il espère surprendre Darius et tous ses trésors. Il y arrive le lendemain, après avoir poursuivi les fuyards l’espace de six cents stades.

Darius avait traversé Arbelles sans s’y arrêter, mais il y avait laissé ses trésors, son char et ses armes, dont Alexandre s’empara.

Alexandre ne perdit dans ce combat que cent hommes et environ mille chevaux percés de coups ou excédés de fatigues. Presque la moitié de cette perte fut du côté des Hétaires. Du côté des Barbares on compta, dit-on, trois cent mille morts, et le nombre des prisonniers fut encore plus considérable. On s’empara des éléphans et de tous les chars qui n’avaient point été brisés.

Telle fut l’issue de ce combat qui confirma la prédiction d’Aristandre.

Chap. 6. Darius se retira précipitamment à travers les montagnes de l’Arménie vers les Mèdes, accompagné des Bactriens échappés l’ennemi, des Perses alliés à sa famille, et de quelques Mélophores : il fut joint par deux