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ARRIEN, LIV. III.

le camp d’Ariobarzane, mais sur les hauteurs où la crainte les pousse ; de sorte qu’au point du jour Alexandre attaque à l’improviste le camp de l’ennemi. À peine on parut devant les retranchemens, que Cratérus, averti par l’éclat des trompettes, donne l’assaut. L’ennemi épouvanté fuit sans en venir aux mains ; pressés de tous côtés, et par Alexandre et par ceux de Cratérus, beaucoup tentent de regagner leurs retranchemens, mais les Macédoniens s’en étaient emparés par les soins de Ptolémée, qu’Alexandre, dans l’attente de l’événement, y avait détaché avec trois mille hommes d’infanterie. La plupart des Barbares tombèrent sous les coups des Macédoniens ; la terreur s’emparant des autres, ils fuient à travers les précipices où ils périrent. Ariobarzane, avec quelques chevaux, se sauve dans les montagnes.

Alexandre se reportant rapidement vers le gros de l’armée, traverse le pont que les siens avaient jeté, et s’avance à grandes journées dans la Perse, pour ne point laisser, à ceux qui gardaient le trésor royal, le temps de le piller avant son arrivée. Il s’empare également de l’argent que Cyrus l’ancien avait accumulé à Persépolis.

Alexandre établit Phrasaorte satrape des Perses, et brûle le palais des rois, contre l’avis de Parménion qui demande en vain qu’on l’épargne. C’était, disait-il, ruiner sans aucun avantage ses conquêtes ; c’était aigrir les Asiatiques qui s’imagineraient qu’Alexandre n’avait d’autre but que de ravager l’Asie sans vouloir la conserver. Mais celui-ci : « Une armée perse est venue en Grèce, a détruit Athènes, brûlé nos temples, dévasté tout le pays ; je dois cette vengeance aux Grecs. »

Alexandre en agit ici avec peu de prudence, et ne vengea nullement l’outrage que les anciens Perses avaient fait à la Grèce.

Chap. 7. Alexandre apprend que Darius s’est retiré dans la Médie, il y vole.

En effet, telle était la résolution de celui-ci : qu’Alexandre s’arrête à Suse et à Babylone ; Darius attendrait, chez les Mèdes, les révolutions que pourraient éprouver les affaires du conquérant. Que s’il était poursuivi par l’armée victorieuse, il fuirait chez les Parthes, chez les Hyrcaniens, et même jusque dans la Bactriane, dont il ravagerait tout le pays pour ôter à l’ennemis les moyens de le poursuivre long-temps. Il envoie donc aux pyles caspiennes les femmes, le bagage et tout l’attirail qu’il traînait à sa suite, et s’arrête à Ecbatane avec le peu de troupes qu’il a pu ramasser.

Alexandre, marchant à sa poursuite, tombe sur le pays des Parétaques, s’en empare et leur laisse pour satrape Oxathres qui avait déjà gouverné Suse en cette qualité.

On lui annonce en chemin que Darius vient à sa rencontre, qu’il veut encore une fois tenter la fortune des armes ; que les Scythes et les Cadusiens se sont réunis aux Perses ; Alexandre laisse derrière lui tout le bagage avec ordre de le suivre, et marche avec toutes ses troupes, rangées en bataille, vers la Médie, où il arrive le douzième jour. Il reçoit alors des nouvelles contraires : il apprend que Darius n’a d’autre espoir que dans la fuite ; il redouble d’ardeur à le poursuivre. À trois journées d’Ecbatane, Bisthanes, fils d’Ochus qui avait régné en Perse avant Darius, vient au-devant d’Alexandre, et, lui annonce que celui-ci a pris la fuite depuis cinq jours avec neuf mille hommes, dont six mille fantassins, emportant de la Médie sept mille talens.

Arrivé à Ecbatane, Alexandre ren-