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ARRIEN, LIV. III.

voie vers les côtes la cavalerie thessalienne et des autres alliés, sous la conduite d’Épocillus, escortés de quelques chevaux, parce qu’il retint les leurs. Il ajouta deux mille talens à leur solde, et ne garda près de lui que ceux d’entre eux qui voulurent y rester ; ils se trouvèrent en assez grand nombre. Il écrit à Ménès de fournir aux autres les bâtimens nécessaires pour les conduire vers l’Eubée. Il donne ordre à Parménion de rassembler tous les trésors de la Perse dans le fort d’Ecbatane, sous la garde d’Harpalus, et de plusieurs affidés qui défendraient la place avec six mille Macédoniens et quelques chevaux ; Parménion doit passer ensuite en Hyrcanie par le territoire des Cadusiens avec les étrangers, les Thraces et le reste de la cavalerie, excepté celle des Hétaires.

Alexandre écrit à Clitus, commandant les compagnies royales, et qu’une maladie retenait à Suse, de venir le rejoindre chez les Parthes, en prenant à son passage les Macédoniens laissés à Ecbatane. Lui-même, à la tête de la cavalerie des Hétaires, des troupes légères, des chevaux étrangers à sa solde, sous la conduite d’Érigius, de la phalange macédonienne, hors ceux laissés à la garde du trésor, des archers et des Agriens, poursuit vivement Darius.

La marche forcée lui fit laisser un grand nombre de malades sur la route, et perdre beaucoup de chevaux. Loin de ralentir sa course, il arrive le onzième jour à Rhagues. Le douzième l’eût conduit aux Pyles caspiennes ; mais Darius les avait déjà passées ; partie de ceux qui l’accompagnaient dans sa fuite se retirèrent dans leurs foyers, partie vinrent se rendre à Alexandre qui, perdant tout espoir d’atteindre Darius, demeura cinq jours à Rhagues pour donner du repos à ses troupes. Il nomme satrape de Médie Oxydatès, que Darius avait pris et laissé à Suse dans les fers, ce qui lui concilia l’amitié d’Alexandre.

Il marche avec son armée vers les Parthes, fait la première halte aux Pyles caspiennes, les passe le lendemain, et pénètre dans un pays cultivé. Mais apprenant qu’il avait un désert intérieur à traverser, il envoie Cœnus fourrager avec quelques chevaux et quelques fantassins pour approvisionner l’armée.

Cependant Bagistanes, un des premiers de Babylone, et Antibelus, un des fils de Mazée, arrivent de l’armée de Darius. Ils annoncent que ce prince est arrêté par Nabarzanes qui accompagnait sa fuite, à la tête de mille chevaux, et que Bessus, satrape de la Bactriane, ainsi que Brazas, satrape des Arachotes et des Drangues, le retiennent prisonnier.

À cette nouvelle, Alexandre crut devoir redoubler sa marche. Il prend avec lui ses Hétaires, des chevaux légers, l’élite de son infanterie, et part sans attendre le retour de Cœnus. Il laisse à Cratérus le commandement du reste de l’armée, avec ordre de le suivre à petites journées.

Les siens ne portent que leurs armes, et des vivres pour deux jours.

Il marche toute la nuit et ne s’arrête que le lendemain à midi, pour faire reposer le soldat. Continuant sa route vers le soir, il arrive au point du jour, et ne trouve point l’ennemi dans le camp d’où était parti Bagistanes. On lui confirme que Darius, prisonnier de Bessus, est traîné sur un char ; que celui-ci a été porté au commandement par la cavalerie Bactriane, et les autres Barbares. Artabase, ses enfans et les Grecs toujours fidèles à Darius, n’approuvant ni ne pouvant empêcher cette trahison, s’étaient retirés sur les montagnes, sans vouloir reconnaître Bessus. Le projet des autres était, si Alexandre les pour-