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ARRIEN, LIV. IV.

d’Alexandre partout où il serait. Taxile et les Anactes obéissent ; ils apportent les plus rares présens, et promettent de lui envoyer des éléphans au nombre de vingt-cinq.

Alexandre partage son armée et abandonne à Héphæstion et Perdiccas le commandement d’une partie composée des troupes de Gorgias, de Clitus, de Méléagre, de la moitié des Hétaires à cheval et de la totalité des troupes stipendiaires, avec ordre de marcher dans la Peucelatide vers l’Indus, d’y soumettre toutes les villes de force ou par composition, et une fois arrivés aux bords du fleuve, d’y faire tous les préparatifs pour en faciliter le passage. Ils sont accompagnés de Taxile et des autres Anactes : les ordres d’Alexandre sont exécutés.

Astès, hyparque de la Peucelatide, se révolte, s’enferme dans une ville, qu’Héphæstion assiége et prend d’assaut le trentième jour. Astès y périt. On établit à sa place Sangée, qui abandonnant le parti d’Astès pour celui de Taxile, mérita ainsi la confiance d’Alexandre.

Alexandre suivi des Hypaspistes, de l’autre moitié des Hétaires à cheval, des Hétaires à pied, des archers, des Agriens et de la cavalerie des hommes de trait, pousse vers les Aspiens, les Thyréens et les Arasaques : il côtoie le Choès, se dirige par des hauteurs difficiles et escarpées, traverse le fleuve avec peine. Apprenant que les Barbares se sont réfugiés dans leurs montagnes et leurs places fortes, il laisse en arrière son infanterie avec ordre de le suivre au petit pas, s’avance rapidement avec toute sa cavalerie et huit cents hommes de la phalange qu’il fait monter en croupe tout armés.

Il trouve tous les habitans de la première ville avancée, rangés en bataille aux pieds de leurs murs, dans lesquels il les rejette du premier choc.

Alexandre fut blessé à l’épaule, d’un trait qui ne pénétra point avant, parce que le coup fut rompu par la cuirasse. Ptolémée et Léonnatus furent également blessés.

Alexandre ayant tourné la ville en reconnaît le faible, campe de ce côté, et le lendemain, dès l’aurore, ayant donné l’assaut, on force le premier rempart, moins solide ; le second fut disputé plus long-temps. Mais lorsqu’ils virent approcher les échelles et pleuvoir sur eux une grêle de traits, les Barbares font une sortie et fuient dans leurs montagnes. On les poursuit ; une partie est tuée dans la fuite ; on n’épargne pas même les prisonniers, et le soldat furieux croit en les immolant venger Alexandre de sa blessure.

Le plus grand nombre se réfugie dans les montagnes voisines. On rase la ville ; on marche vers Andraque : cette place se rend par composition. Alexandre y laisse Cratérus avec les autres commandans de l’infanterie pour réduire le reste de la contrée, et l’administrer selon les circonstances.

Pour lui, à la tête des Hypaspistes, des archers, des Agriens, du corps de Cœnus et d’Attalus, de l’Agéma, de quatre autres corps de cavalerie des Hétaires, et de la moitié des archers à cheval, il marche vers le fleuve Soaste contre l’hyparque des Aspiens. Il s’avance à pas redoublés, et campe le second jour aux pieds de leur ville. Les Barbares la brûlent à l’approche d’Alexandre, et se réfugient dans leurs montagnes ; on les poursuit, et dans le premier mouvement on en fait un horrible carnage.

Ptolémée, apercevant alors sur une hauteur le chef des Barbares, pousse vers lui avec un gros d’Hypaspistes mal-