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querelles qu’entre eux, Lacédémone fut la puissance dominante ; toutefois, dès que l’on sentit la nécessité de défendre les côtes, et que l’on forma le projet d’attaquer les Perses jusque dans l’Asie, la supériorité accordée à cette république n’était plus qu’un vieux préjugé sur lequel les Athéniens ne pouvaient manquer de faire ouvrir les yeux. La république de Sparte était trop pauvre pour disputer à celle d’Athènes l’empire maritime, et Lacédémone devait s’attacher à garder sa suprématie sur le continent.

On pardonne, en effet, aux Athéniens d’avoir dirigé toutes leurs forces vers la marine, parce qu’ils habitaient un pays stérile qui ne pouvait se soutenir que par le commerce et l’importation des blés étrangers. Mais ces considérations ne purent jamais exister à l’égard de Lacédémone, au moins aussi long-temps qu’elle fut en état de conserver une conquête comme la Messénie, dont les terres étaient suffisantes pour nourrir la nation. D’ailleurs une marine considérable exigeait de grandes dépenses ; de sorte que par une spéculation vicieuse, les Lacédémoniens crurent pouvoir couvrir une partie de ses frais en diminuant leur cavalerie, qu’ils négligèrent ensuite totalement.

Nous avons dit qu’Athènes était partagée entre dix tribus qui fournissaient chacune un stratège, et que le commandement roulait sur ces dix chefs. À Thèbes, les généraux qui gardaient le pouvoir au-delà d’une année, étaient punis de mort. Épaminondas, après la bataille de Leuctres, allait être condamné pour avoir transgressé cette défense, lorsqu’il demanda si l’on ne graverait pas sur son tombeau qu’il avait perdu la vie pour avoir sauvé la république. Les juges n’osèrent appliquer la loi.

À Athènes, le service militaire ne réclamait les citoyens que depuis dix-huit ans jusqu’à quarante. Dès qu’on avait résolu la guerre, les dix généraux tenaient conseil, dressaient un mémoire, et le communiquaient au peuple. On établissait ensuite un tribunal sur la place publique, et là les Taxiarques et Hipparques appelaient dans chaque tribu ceux dont le tour était venu.

Tous les citoyens dont les noms avaient été prononcés, étaient contraints de marcher s’ils ne donnaient à l’instant une excuse légitime. Le général annonçait ensuite le jour du départ, en accordant un court délai pour mettre ordre aux affaires domestiques. Ce délai était de sept jours suivant une loi à laquelle on ne dérogeait que dans les circonstances qui exigeaient une extrême célérité.

La cavalerie athénienne était recrutée et entretenue avec beaucoup de soin. La totalité de cette arme formait un corps de douze cents chevaux. Chaque tribu fournissait cent vingt cavaliers avec le chef qui devait les commander.

Il serait difficile de préciser l’époque où les Grecs ont commencé à solder leurs troupes. Elles n’étaient divisées qu’en trois classes, ce qui devait beaucoup simplifier leur administration. 1°. Le général ou stratège à la tête de la phalange ou de l’armée ; 2°. le centurion ou taxiarque, premier officier hors de rang, qui commandait deux tétrarchies ou cent vingt-huit hommes ; 3°. l’hoplite, le seul combattant qui portât le nom de soldat. Tout se trouvait placé dans l’une de ces trois catégories ; les officiers dans le rang étaient payés comme le soldat ; les autres, assimilés au stratège ou au centurion.

Au siége de Protidée, pendant la guerre du Péloponnèse, les Athéniens donnèrent jusqu’à deux drachmes par jour à un hoplite. C’était trente six sous de notre monnaie. Cette solde