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éprouva des variations, et du temps d’Iphicrate, elle était réduite à vingt-quatre sous. Le général recevait cent quarante-quatre francs par mois ; l’officier, soixante-douze et l’hoplite, trente-six. On ne payait pas les combattans de moindre considération d’une manière uniforme ; ils étaient quelquefois à la charge de l’hoplite qu’ils servaient comme écuyers.

La solde du cavalier en temps de guerre était variable, suivant les circonstances. En temps de paix, où les troupes n’étaient pas payées, on lui allouait pour l’entretien de son cheval, environ seize drachmes par mois, ou quatorze francs quarante centimes.

Lorsqu’il s’agissait de certaines expéditions, on diminuait la paie, en considération du butin présumé. Dans la plupart des armées grecques, le butin, à l’exception de quelques objets d’une importance extraordinaire, était partagé de la sorte : un tiers appartenait au général ; les deux autres tiers étaient répartis entre tous les combattans.

Jamais aucun peuple ne s’occupa plus sérieusement de ses finances que les Athéniens. On ne trouve pas un seul exemple de quelque murmure élevé parmi les armées de la république d’Athènes, par rapport à l’altération de la monnaie avec laquelle on payait les troupes. On ne peut douter que l’argent ne soit le nerf de la guerre ; cependant comme il faut que tout paraisse singulier dans l’histoire des républiques de la Grèce, vous remarquerez qu’Athènes et Sparte n’ont jamais été si puissantes que lorsqu’elles ont fait la guerre sans argent ou avec peu.

À Athènes, un général était tenu d’expliquer sa conduite et ses opérations à la fin de la campagne ; et on le condamnait à une amende plus ou moins forte, lorsque l’assemblée jugeait qu’il n’avait pas rempli ses devoirs. On voit par le compte que Périclès rendit de son administration (ce qui doit passer pour le monument le plus authentique de l’histoire grecque), qu’au commencement de la guerre du Péloponnèse, il était parvenu à mettre sur pied une armée de trente-un mille huit cents hommes, en y comprenant la cavalerie. Voilà le plus haut point où la république d’Athènes ait jamais porté ses forces sur le continent. Elle les diminua depuis pour augmenter sa marine, qui compta jusqu’à quatre cents trirèmes.

Les Athéniens formaient leur armée en la recrutant sur la masse des citoyens, et au besoin ils l’augmentaient par les domiciliés, les affranchis et les mercenaires étrangers. Ils suivaient en cela la même politique que les Spartiates qui, étant en petit nombre, appelaient à leur aide les citoyens de la Laconie, quoiqu’ils n’eussent pas les mêmes priviléges que les véritables Lacédémoniens de race dorique. Les affranchis, les étrangers et même les esclaves entraient également dans les troupes de Lacédémone.

Les Grecs, si habiles tacticiens, n’étaient pas aussi instruits que les Romains en ce qui concerne la castramétation. Dans les plaines, ils disposaient leur camp en forme ronde, et le général placé au centre où toutes les rues venaient aboutir, pouvait d’un seul coup-d’œil apercevoir ce qui se passait dans l’intérieur. Mais si cette méthode présente quelques avantages, elle viole un principe que l’on ne peut pas omettre à la guerre, celui de camper dans l’ordre même du combat.

Quelquefois le camp était entouré d’un parapet et d’un fossé. Les Grecs croyaient d’ailleurs que les fortifications faites par la nature même du terrain, étaient beaucoup plus sures que celles