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ARRIEN, LIV. VI.

l’Hydraotès, l’Hyphase et l’Acésinès, qui reçoit les trois premiers.

L’Indus a bien cent stades de large, et quelquefois davantage depuis cette réunion, avant que ses deux bras forment en s’ouvrant un delta. Alexandre stationne avec sa flotte au confluent de l’Acésinès et de l’Indus, en attendant Perdiccas lequel arrive avec son détachement, après avoir soumis en passant les Abastanes, peuple libre de l’Inde. Des triacontères, et des bâtimens de transports construits chez les Xathres indépendans, viennent rejoindre la flotte.

Des députes de la République des Ossadiens se soumettent. Alexandre marque le confluent de l’Indus et de l’Acésinès pour limites au gouvernement de Philippe, lui laisse toute la cavalerie des Thraces, et des troupes suffisantes pour tenir le pays.

C’est là qu’Alexandre fait bâtir une ville qui par sa situation doit bientôt se peupler d’habitans nombreux et devenir célèbre ; il y fait établir des chantiers maritimes.

Le Bactrien Oxyartes, beau-père d’Alexandre, vient le trouver. Il est investi du gouvernement des Paropamisades, à la place de Tiryestès qui avait mal géré.

Alexandre fait passer Cratérus avec une grande partie de l’armée et des éléphans sur la gauche du fleuve où la route était plus facile pour l’infanterie armée pesamment, et dont les habitans étaient dans des dispositions peu favorables. Lui-même descend vers la capitale des Sogdiens, fait bâtir aux bords de l’Indus une autre ville, et ouvrir de nouveaux chantiers ; on y radoube ses vaisseaux.

Tout le pays, compris entre le confluent et la grande mer, forme un gouvernement qu’il donne à Oxyartes et à Python, et qu’il étend jusque aux côtes maritimes.

Cratérus est envoyé de nouveau vers les Arachotiens et les Drangues ; Alexandre poursuit facilement sa navigation jusqu’aux États de Musicanus qui sont les plus riches de l’Inde. La fierté du conquérant était irritée de ce que ce prince n’était point venu se soumettre à lui, de ce qu’il avait dédaigné de lui envoyer des députés et des présens, et affecté de ne lui rien demander. Son expédition fut si rapide, qu’il toucha aux frontières de Musicanus avant que celui-ci fut instruit de ses projets. Épouvanté de sa marche imprévue, Musicanus vient au-devant de lui, apportant les plus rares présens ; il lui offre tous ses éléphans, sa personne et ses États. Il se reconnaît coupable envers Alexandre, ce qui était le moyen d’en obtenir tout.

Ce prince lui pardonne. Il admire la ville et le pays ; lui remet ses États après avoir donné ordre à Cratérus d’ajouter à la ville un fort qu’il fit élever sous ses yeux, et où il jeta une garnison ; la situation de ce poste lui assurait le maintien du pays.

Prenant avec lui les archers, les Agriens, et toute la cavalerie qu’il avait débarquée, il marche contre Oxycanus, hyparque du pays, qui ne lui avait adressé ni députation, ni hommage. Il se rend maître d’emblée des deux premières villes de ses États, dans l’une desquelles il fait Oxycanus prisonnier. Il abandonne le butin aux soldats, à la réserve des éléphans. Tout se soumet volontairement, tant était grande sur les Indiens l’impression de la valeur et de la fortune d’Alexandre.

Il marche alors vers Sambus, satrape des Indiens des montagnes, mais qui s’était enfui sur la nouvelle que Musicanus avait obtenu d’Alexandre sa réité-