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POLYBE, LIV. XXXV.

textes qu’il était honteux d’expliquer, qu’on ne pouvait avec honneur approfondir, et dont la multitude ne permettait pas qu’on fît le châtiment.

Le sénat et les consuls attendaient avec inquiétude où aboutirait enfin l’imprudence de cette jeunesse, car c’est ainsi qu’on qualifiait alors sa résistance, lorsque Publius Cornélius Africanus, jeune encore, mais qui avait conseillé la guerre, saisit ce moment, où il voyait le sénat embarrassé, pour joindre à sa réputation de sagesse et de probité celle de bravoure et de courage qui lui manquait. Il se leva, et dit qu’il irait sans peine payer de ses services en Espagne, soit qu’on voulût qu’il y allât comme tribun ou comme lieutenant-général ; qu’il était invité à aller en Macédoine pour une fonction où il aurait eu moins de risques à courir (et en effet les Macédoniens l’avaient demandé nommément pour pacifier quelques troubles qui s’étaient élevés dans le royaume) ; mais qu’il ne pouvait quitter la république dans des conjonctures si pressantes et qui appelaient en Espagne tous ceux qui avaient quelque amour pour la belle gloire. Ce discours surprit. On fut étonné que, pendant que tant d’autres n’osaient se présenter, un jeune patricien offrît si généreusement ses services. On courut sur-le-champ l’embrasser ; le lendemain les applaudissemens redoublèrent ; car ceux qui auparavant avaient eu peur d’être enrôlés, craignant que la comparaison qu’on ne manquerait pas de faire du courage de Scipion avec leur lâcheté ne les perdît d’honneur, s’empressèrent ou à briguer les emplois militaires, ou à se faire inscrire sur la liste des enrôlemens. (Ambassades.) Dom Thuillier.

Scipion balança d’abord pour savoir s’il était à propos d’attaquer et de commencer avec les Barbares un combat singulier. (Suidas in Ἐνέπεσε.) Schweigh.


Le cheval de Scipion avait reçu une blessure très-grave, mais sans avoir été démonté. Scipion eut donc le temps de se dégager et de sauter à terre. (id. in Ἀποσφαλμήσας.)


II.


Mot de Caton sur les Achéens.


L’affaire des bannis d’Achaïe était fort agitée dans le sénat : les uns voulaient les renvoyer dans leur patrie, les autres s’y opposaient. Caton, que Scipion, à la prière de Polybe, avait voulu interroger en faveur de ces bannis, se lève et prend la parole : « Il semble, dit-il, que nous n’ayons rien à faire, à nous voir disputer ici une journée entière pour savoir si quelques Grecs décrépits seront enterrés par nos fossoyeurs ou par ceux de leur pays. » Le sénat ayant décrété leur renvoi, Polybe, peu de jours après, demanda la permission de rentrer dans le sénat pour y solliciter le rétablissement des bannis dans les dignités dont ils jouissaient en Achaïe avant leur exil. Et d’abord il voulut sonder Caton pour savoir quel serait son sentiment. « Il me semble, Polybe, lui dit Caton en riant, qu’échappé comme Ulysse de l’antre de Cyclope, vous voulez y rentrer pour prendre votre chapeau et votre ceinture que vous y avez oubliés. » (Plutarchus in Catone Majore et in Apophtegm.) Schweigh.