Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 188 —

ves, dont le territoire, dit-on, s’étendait de Marseille aux bords du Rhône, et de la mer à Térascon ; ce qui fait un empire de sept lieues de large sur onze ou douze de long.

Rome leur envoya le consul M. Fulvius Flaccus. Il revint au bout de deux ans, et triompha des Salves et des Voconces. Ce dernier peuple habitait entre la Durance et l’Isère, dans une étendue de pays d’environ trente lieues.

Le consul Sextius Calvinus lui succéda, et défit Teutomal, roi ou chef des Salves. Cette seule victoire soumit tout le pays. Teutomal s’enfuit chez les Allobroges, et l’histoire n’en parle plus. Le consul fonda une ville dans le lieu même où il avait gagné la bataille. Il y trouva des sources d’eau chaude, et fit construire des bains. Ce lieu, qui prit le nom des eaux de Sextius, Aquæ Sextiæ, est aujourd’hui la ville d’Aix, à quatre lieues de Marseille ; on y voit encore les bains de Sextius. Les légions romaines bâtirent la ville, et pour la peupler le consul appela une colonie.

Cn. Domitius illustra aussi son consulat par des conquêtes dans les Gaules et les chemins qu’il y construisit.

Q. Fabius Maximus, surnommé l’Allobrogique, pénétra dans ce pays plus avant que ses prédécesseurs. Florus dit que les Ædues, qui habitaient sur les rives de l’Arroux entre la Saône et la Loire, appelèrent les Romains à leur secours contre les Allobroges et les Arvernes (Auvergnats).

Bituitus, qui régnait sur les Arvernes, s’avança contre Fabius avec une nombreuse armée, et vint jusque sur les bords de l’Isère. Il fut vaincu, fait prisonnier et conduit à Rome, monté sur son propre chariot, que l’on dit avoir été d’argent. Son fils, offert aussi en spectacle au peuple, fut élevé à Rome, et rétabli par la suite dans ses états.

La victoire du consul Fabius acheva de soumettre les provinces méridionales de la Gaule. Des Alpes aux Pyrénées, tous les peuples cédèrent sans opposer aucun effort.

Trois ans après cette conquête le consul Q. Marcius Rex conduisit une colonie à Narbonne ; car le soin des Romains fut toujours de peupler les déserts, de bâtir des villes, de donner des lois et de réparer les maux qu’ils faisaient par les armes. Cette colonie était la première qui parut dans la Gaule Transalpine. (Ans 656 de Rome, 118 av. notre ère.)

Aix ne formait encore à cette époque qu’une enceinte habitée par des soldats ; il y vint des colons romains quelque temps après ceux qui s’étaient établis à Narbonne.

Crassus fut un des triumvirs chargés de distribuer des terres autour de la ville de Narbonne. On la nomma Narbo-Martius, les colons confondant, par une allusion commune, le nom du conquérant avec celui du Dieu des batailles. C’est ce qu’auraient dû apercevoir les écrivains qui ont tant discuté pour savoir si elle tirait son nom d’un homme ou d’un Dieu, de Marcius ou de Mars.

Trois ans après la fondation de cette colonie, le consul M. Æmilius Scaurus vint dans les Gaules. Il fit passer au travers de la Ligurie une large route pour aller de l’Italie dans la Transalpine. On creusa aussi par ses ordres des canaux autour de Parme et de Plaisance, afin d’empêcher les nombreuses rivières de cette contrée d’inonder les campagnes en débordant. Ce sont les soldats de Scaurus qui entreprirent de tels travaux ; ceux de Sextius avaient bâti la ville d’Aix ; les troupes de Marcius creusèrent un canal pour joindre Narbonne à la mer ; la voie Domitia, qui allait des