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trace de nos ancêtres, dans son poème sur la seconde guerre punique, lorsqu’il les peint découragés par la conduite sage de Fabius, et voulant quitter le camp d’Annibal.

D’un naturel flexible et d’un esprit changeant,
Le Gaulois, né féroce, agit en inconstant,
S’exprime en fanfaron, et combat en barbare.
Retenu dans son camp (repos pour lui bien rare),
Indigné de se voir les armes à la main,
Sans étancher la soif qu’il a du sang humain,
Il voulait retourner dans ses froides demeures.

La Gaule s’affaiblit vraisemblablement par les ravages des Cimbres, des Teutons, des Ambrons, et par la défaite des Tectosages. On expliquerait peut-être ainsi la cause du calme dans lequel vécurent les Gaulois pendant les cinquante années qui suivirent les incursions des provinces du Nord (la Celtique et la Belgique), non soumises aux Romains. Il ne se fit aucune excursion vers les provinces du Midi. L’Aquitaine, qui s’étendait des Pyrénées à la Garonne, et n’appartenait pas encore à la république, demeura dans le même repos. S’il y eut des troubles, ce fut dans le sein même de l’Italie.

Les Romains, après avoir conduit leurs armées triomphantes des Alpes au mont Atlas, et du fond de l’Asie-Mineure aux extrémités occidentales de l’Espagne et des Gaules, les Romains, trop puissans pour craindre les entreprises des nations étrangères ou des Barbares du Nord, se divisèrent eux-mêmes, et déchirèrent la république de leurs propres mains.

Les peuples d’Italie, qu’ils appelaient leurs alliés, voulurent partager les droits et les titres de ces maîtres du monde. Ils représentèrent au sénat que Rome triomphait surtout par eux, puisqu’ils composaient toujours les deux tiers de ses armées.

Les alliés furent battus, faute de chefs ; car ces généraux, vainqueurs de tant de nations, étaient des citoyens romains. Caton défit les Étrusques ; Gabinus, les Marses ; Carbon, les Lucaniens ; Sylla, les Samnites ; Marius et Pompée Strabon, père du grand Pompée, achevèrent de tout dompter.

Afin de diviser tant de peuples conjurés, le sénat fait des concessions à ceux qui n’étaient pas entrés dans cette ligue ; bientôt il gagne les vaincus eux-mêmes, en leur accordant ce qu’il avait dû refuser d’abord.

Cependant Mithridate, nous l’avons vu, attaquait l’orient de la république. Le gladiateur Spartacus faisait révolter les esclaves en Italie, et y joignait quelques troupes des Gaulois. La guerre de Marius et de Sylla servit de prélude aux commotions si terribles qui devaient détruire cet empire immense ; et les Espagnes étaient soulevées par les querelles sanglantes de Sylla et de Sertorius.

Les citoyens de Rome sont devenus plus puissans que des rois. Les villes, les peuples, les royaumes qui se mettent sous la clientèle de divers sénateurs, font de chacun d’eux des espèces de souverains qui ne peuvent plus vivre en paix. Il était impossible que les Gaules ne fussent pas ébranlées par de si grands mouvemens.

Tandis que Sertorius se défendait en Espagne contre les attentats de Sylla, les armées romaines traversèrent fréquemment notre pays. Æmilius Lepidus, consul et préteur de la Gaule, fit soulever les Helvètes, habitant les rochers du Vivarais ; les Voconces, situés entre la Durance et l’Isère ; et les Volkes Arecomikes qui vivaient au fond du Languedoc près de la Méditerranée. Lepidus passa ensuite en Italie, y fut défait par Catulus et par Pompée, et alla expirer en Sardaigne. Fonteius lui succéda en qualité de préteur de la Gaule.

Pompée, allant combattre Sertorius,