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rix et Virdumar, quittant l’armée du proconsul se rendent à Noviodunum (Nevers), au confluent de la Loire et de la Nièvre, passent au fil de l’épée un détachement légionnaire, ainsi que les marchands romains qu’ils rencontrent, mettent le feu à la ville, et enlèvent tous les otages que ces peuples de la Gaule avaient donnés à César.

Le soulèvement devint plus général. César était entouré d’ennemis au bord de la Loire, et son lieutenant Labienus n’avait pas moins à craindre sur les rives de la Seine. Ce général fit preuve d’une grande habileté.

Les nouvelles qu’il recevait de toutes parts ne lui permettant plus de songer à étendre ses conquêtes, il jugea qu’il devait ramener le plus tôt possible ses troupes vers Agendicum. Cependant Labienus ne voulut pas faire sa retraite sans essayer de prendre sur les Gaulois quelque avantage.

Étant près de Lutèce, il assemble sur le soir ses officiers, et, après les avoir exhortés à exécuter ses ordres avec diligence, il distribue aux cavaliers les bateaux qu’il avait pris à Melodunum (Melun) ; il recommande de partir après la première veille, de descendre la rivière sans bruit l’espace de quatre milles et de l’attendre.

Cinq cohortes d’une légion restent à la garde du camp, les cinq autres reçoivent l’ordre de remonter le fleuve vers minuit avec tous les bagages, et de faire grand bruit dans leur marche ; enfin Labienus part lui-même, peu de temps après, avec trois légions, et se rend en silence à l’endroit où ses cavaliers doivent l’attendre avec leurs bateaux.

Son plan était d’engager les Gaulois à diviser leurs forces, et ces peuples en effet, s’imaginant que les Romains troublés par la révolte des Ædues, avaient séparé les légions pour mieux assurer leur fuite, ne manquent pas de donner dans le piége. Une première bande resta vis-à-vis le camp où Labienus avait laissé cinq cohortes ; une seconde descendit la Seine pour suivre les bateaux qui filaient vers Metiosedium (Meudon) ; la troisième division de l’armée gauloise remonta le fleuve afin d’observer Labienus.

La diligence de ce général pour passer la Seine avec les bateaux conduits par ses cavaliers fut admirable. L’ennemi trouva les Romains prêts à combattre quand il se présenta devant eux. Labienus attaque cette division, la bat malgré sa vigoureuse résistance, et ce succès entraîne la déroute des Gaulois restés vis-à-vis du camp romain. Après cet exploit, Labienus rejoignit César, qui avait aussi passé la Loire et marchait au-devant de son lieutenant.

L’assemblée générale de la Gaule se tenait à Bibracte (Autun) chez les Ædues, et déclarait Vercingetorix général de toutes les forces réunies des peuples confédérés.

Vercingetorix demande quinze mille cavaliers, veut que l’on brûle les habitations, que la contrée soit dévastée, et qu’on se borne à enlever les convois de César. Il prend aussi dix mille hommes d’infanterie, les envoie chez les Allobroges pour les engager à s’unir contre l’ennemi commun. Enfin, il ordonne que les Arvernes et les Gabales attaquent la province romaine.

Ce plan assez vaste fut mal exécuté. Le proconsul, ne pouvant tirer des secours de l’Italie ni de la Gaule Narbonnaise, fit venir de la Germanie quelques cavaliers. Ils arrivèrent en si mauvais état, qu’on fut obligé de leur fournir des chevaux. Mais cette cavalerie n’aurait pas dû pénétrer jusqu’aux Romains.