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ébaucha le premier plan de l’enceinte qu’il voulait embrasser par ses ouvrages, et d’abord marqua vingt-trois redoutes autour de la montagne que les troupes de Vercingetorix avaient occupée.

À peine César commençait les travaux, que Vercingetorix descendit avec sa cavalerie dans la plaine située entre le mont Druaux et celui où se trouve Menestreux-le-Pitois. Il se livra un combat très-opiniâtre pendant lequel César fit avancer une partie des légions pour soutenir ses gens. Les cavaliers germains décidèrent l’action ; les Gaulois furent repoussés en désordre.

Les redoutes étant établies, le proconsul se régla ensuite selon la nature du terrain, et tira d’un fort à l’autre des lignes de communication. Il s’occupa aussi d’ajouter de bons retranchemens, autant que l’assiette des lieux le permettait.

Mais l’exécution de cette entreprise n’était ni prompte ni aisée ; on avait à travailler sur un terrain difficile, entrecoupé par des hauteurs et des vallons. L’étendue que l’armée romaine embrassait avec les redoutes était de plus de onze mille pas (géométriques) de circonférence. Il fallait en même temps qu’une partie des troupes restât toujours sous les armes pour faire face aux Gaulois campés encore sous les murs de la ville ; et il se passa bien du temps avant d’avoir pu rassembler dans les environs tous les matériaux nécessaires.

Vercingetorix, voyant de sa montagne les travaux de César, et ne laissant pas d’en approfondir le but, n’osa toutefois décamper en présence des légions, de peur d’être défait sans ressources. Il résolut de rester à son poste, et d’encourager ses compatriotes à le secourir.

Il renvoya sa cavalerie, dont la subsistance l’embarrassait, et la chargea de représenter aux peuples de la Gaule la situation critique de ses affaires, et la nécessité de le dégager au plus vite, ne possédant des vivres que pour trente jours. Les Romains n’avaient pas à beaucoup près achevé les lignes de communication entre les redoutes ; cette cavalerie gauloise, forte de quinze mille chevaux, se sauva sans peine.

Après le départ de ses cavaliers, Vercingetorix quitta ses retranchemens et s’enferma dans la place ; mais César, averti par les prisonniers et les transfuges du plan et des espérances de ce général, conçut dans toute son étendue la grandeur de l’entreprise où il se trouvait engagé, et jugea indispensable de faire de nouveaux ouvrages.

Il dit qu’ayant embrassé avec sa ligne un terrain de près de onze mille pas (environ huit mille trois cents toises) de circonférence, on pouvait difficilement la garnir de troupes, bien qu’il devînt pourtant indispensable de le faire dans le voisinage de ces quatre-vingt mille Gaulois qui le gênaient par de fréquentes sorties.

Il imagina donc de creuser, du côté de la ville, un fossé à fond de cuve, de vingt pieds de profondeur, et d’autant de pieds de largeur. La terre qu’on en tira servit sans doute à mettre le soldat à couvert des traits.

Ce fossé perdu avait pour objet de former autour du poste de l’ennemi une enceinte moins grande et moins difficile à garder que celle de la ligne marquée par les redoutes ; c’était encore un moyen de donner toute sécurité aux travailleurs de cette ligne, car ils se sentaient protégés par un premier rempart.

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