Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/260

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entre ce fossé et la ligne à quatre cents pieds ou quatre-vingts pas romains ; c’est-à-dire trois cent soixante-trois pieds, ou environ soixante toises. Mais comme un fossé tiré, dans tout son contour, à une petite distance de la ligne même, n’en aurait différé par son développement que d’environ cent pas, il est certain qu’il eût toujours fallu employer un grand nombre de troupes à sa défense, ce que César voulait éviter ; ce simple avant-fossé à soixante toises de la ligne n’aurait pu d’ailleurs empêcher les Gaulois de tirer sur les soldats occupés aux grands travaux.

Ces considérations doivent faire admettre que l’espace entre la ligne et le fossé perdu était de quatre cents pas (géométriques), au lieu de quatre cents pieds, et qu’étant par conséquent trop éloigné du rempart de la contrevallation pour en être protégé, on s’était servi des terres de déblai pour élever une espèce de rempart, que les troupes bordèrent dans son enceinte.

César fit excaver à pic ce fossé, lui donnant vingt pieds de profondeur sur autant de largeur, de sorte qu’il devint plus profond et plus large que les fossés qui entouraient les lignes ; mais, n’étant pas de la même étendue, on put le défendre avec moins de troupes. Cette enceinte n’était que provisoire, César ne jugea pas à propos de lui donner une grande solidité. Les événemens prouvent qu’elle se trouvait entièrement abandonnée quand les Gaulois attaquèrent les deux lignes de contrevallation et de circonvallation.

Le texte serait donc altéré, et indiquerait quatre cents pieds au lieu de quatre cents pas : méprise de copiste assez commune, lorsqu’ils avaient des chiffres ou des mesures à exprimer par des lettres initiales. L’ancien traducteur grec des Commentaires qui précède toutes les éditions, et suit son auteur sur un manuscrit très-authentique, détermine la distance entre ce fossé et la ligne de contrevallation, à trois stades, ou trois cent soixante-quinze pieds romains.

Ainsi, le proconsul, quand il vint avec son armée en présence du poste inattaquable de Vercingetorix, commença par camper sur les hauteurs, établissant ses redoutes dans les endroits les plus convenables autour de la montagne d’Alise. César joignit ces forts par des lignes de communication pour former le blocus ; mais, aussitôt qu’il fut averti du départ de la cavalerie gauloise et du plan de Vercingetorix, il dut prendre d’autres mesures, et creusa ce fossé plus près de la place, afin de resserrer son ennemi et de se procurer les moyens de travailler aux grands ouvrages qu’il projetait.

C’était d’abord cette première ligne de contrevallation qu’il avait embrassée par des redoutes, et sur laquelle il traça deux fossés de quinze pieds de largeur avec une égale profondeur. Le fossé intérieur fut rempli des eaux que l’on tira des deux petites rivières qui serpentaient autour d’Alise ; derrière ce retranchement on éleva un terre-plein de douze pieds, auquel on ajouta un parapet avec ses embrasures ; et l’on planta sur la berne, entre le rempart et le parapet, des troncs d’arbres branchus qui sortaient en dehors. Le rempart était flanqué, dans toute son étendue, de tours distantes l’une de l’autre de quatre-vingts pas géométriques ou romains.

Mais il fallait encore se garder contre les ennemis du dehors, et la ligne de circonvallation que César fit confectionner, et à laquelle il ne donne pas moins de quatorze mille pas géo-