Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 254 —

bouches inutiles ; mais César ne les admit point dans ses lignes.

L’armée auxiliaire se montra enfin ; elle était forte de deux cent quarante mille hommes d’infanterie, et de huit mille cavaliers. Ces troupes arrivèrent devant les retranchemens, cinq semaines environ après le départ de la cavalerie de Vercingetorix.

Elles occupèrent d’abord les hauteurs du mont Auxois, près de Mussy-la-Fosse, et qui s’étendent jusqu’à Lantily et Grignon. César nomme cette montagne Collis exterior, pour la distinguer des hauteurs dont la ligne de circonvallation embrassait au moins une partie, et qui étaient plus près d’Alesia. On lit dans plusieurs éditions, que ces montagnes étaient à une distance de cinq cents pas géométriques des retranchemens romains ; mais les meilleurs manuscrits marquent mille pas, et le traducteur grec indique huit stades.

Le lendemain, toute la cavalerie des Gaulois se présenta en bataille devant cette partie de la circonvallation qui passait par la plaine, dans le terrain uni que la Brenne traverse entre Mussy-la-Fosse et Menestreux-le-Pitois, et où les deux légions de Caninius et d’Antistius étaient campées. Différens corps d’archers et de troupes légères s’étaient avancés avec la cavalerie, afin de la seconder pendant le combat. L’infanterie se posta sur la montagne, et se cacha autant que le terrain le permit.

La joie des Gaulois enfermés dans Alise était extrême. Du haut de la montagne, ils distinguaient le puissant secours de ces braves compatriotes, et ne songeaient qu’au moyen d’appuyer partout leurs efforts.

De son côté, César veillait sur les mesures que la prudence lui suggérait de prendre. Les cohortes marchèrent aux postes qui leur étaient assignés ; mais d’abord il tira de ses lignes toute sa cavalerie, et la lança contre celle des Gaulois qui semblait le défier.

Le combat qui se donna en cette occasion fut des plus opiniâtres, et dura depuis midi jusqu’au soir, sans qu’on eût, de part et d’autre, de grands avantages. Les escadrons germains, se réunissant à la fin pour charger ensemble, décidèrent la victoire en faveur de César.

Les Gaulois vaincus ne se découragèrent pas. On s’occupa de faire des fascines, des échelles ; on ajusta de longues faux et des crocs pour détruire et arracher les palissades et les défenses du parapet. Enfin, la nuit suivante, toute l’armée gauloise sortit du camp, et dirigea ses plus grands efforts contre cette partie de la circonvallation qui passait par la plaine, vis-à-vis la montagne qu’ils avaient occupée.

Excité par les cris de ses concitoyens, Vercingetorix tenta de même une sortie et s’efforça d’entamer la contrevallation aux endroits où elle ne passait pas par les montagnes. On fit des deux côtés des efforts inutiles contre les travaux des Romains, travaux qui n’étaient nulle part plus redoutables que dans la plaine.

Les troupes de secours, rebutées du mauvais succès de leur tentative, quittèrent l’entreprise au point du jour, et Vercingetorix, ayant long-temps lutté contre cette triple barrière que nous avons décrite, ne s’opiniâtra pas non plus de son côté.

Le mauvais succès de ces assauts fit remarquer aux Gaulois qu’ils avaient attaqué les retranchemens des Romains précisément aux endroits où ils étaient les plus forts. On envoya donc quelques gens du pays avec les chefs les plus