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entendus, afin de reconnaître les lignes dans toute leur circonférence.

Il leur parut probable qu’une enceinte d’une aussi grande étendue, tracée sur un terrain tellement inégal, devait présenter des points faibles, et il s’en trouvait un en effet, vers le nord, à la montagne où était assis le camp des deux légions commandées par Antistius et Caninius.

Voici comment César décrit cet endroit : « Du côté du septentrion, se voyait une colline que l’on n’avait point renfermée dans les lignes à cause de sa vaste étendue, de sorte que nos gens étaient dans la nécessité d’asseoir leur camp sur un terrain presque entièrement désavantageux, qui formait la pente douce de cette colline. »

La carte montre que la montagne située entre Menestreux-le-Pitois et Bussy-le-Grand, se trouve trop vaste et trop éloignée du mont Auxois pour qu’il fût possible de faire passer les retranchemens par son sommet. La ligne de circonvallation qui bordait de ce côté le camp des deux légions n’ayant pu être conduite que par la pente de cette montagne, il en résultait que l’ennemi, en s’emparant des hauteurs, devait commander les postes placés au-dessous, et qu’il jouirait de l’avantage de porter son attaque de haut en bas ; avantage qui serait très-important dans notre manière de faire la guerre, et qui le devenait encore plus chez les anciens.

Sur l’avis d’une pareille découverte, Vergasillaunus fut détaché à la tête de soixante mille Gaulois pour tenter l’attaque de ce côté. Vergasillaunus partit à l’entrée de la nuit, et, au point du jour, se trouva près de la montagne. Il n’y a point de doute que le vallon près d’Éringe ne fût celui où il cacha ses troupes. Ce général monta la hauteur, et l’attaque commença selon qu’on en était convenu.

Commius et tous les autres généraux se présentèrent en bataille devant leur camp, vis-à-vis des retranchemens de la plaine ; ce fut là où toute la cavalerie gauloise se déploya. Vercingetorix, devinant le dessein de ses compatriotes par leurs mouvemens, ne tarda pas non plus à descendre de sa montagne avec ses troupes, pourvues de tout ce qui était nécessaire pour donner l’assaut.

Le plus fort de l’attaque porta d’abord du côté de la hauteur où Vergasillaunus avait mené ses troupes, l’élite de l’armée. La supériorité du terrain, secondant leur extrême valeur, facilitait encore les moyens de couvrir de fascines les piéges et les puits, de combler en peu de temps le fossé.

Les efforts de Vergasillaunus pour franchir le rempart avaient tout le succès possible ; les Romains, pressés sans relâche, commençaient à plier de ce côté ; César, qui voit le péril, envoie à leur secours Labienus avec six cohortes, et ce général reçoit l’ordre de faire une sortie, s’il ne se sent pas en état de défendre la ligne.

Cependant Vercingetorix, qui avait renoncé à l’espérance de forcer les retranchemens de la plaine, s’avise aussi d’attaquer la contrevallation aux endroits où elle passait par les hauteurs. Il grimpe la colline assez escarpée entre Savoigny et Darcey, que César indique par les mots prærupta loca, marche à l’assaut en désespéré, et attache déjà les palissades pour escalader le parapet.

Le proconsul, averti de ce nouveau danger, détache d’abord le jeune Brutus avec six cohortes et un de ses lieutenans, Fabius, avec sept autres. Il paraît lui-même conduisant de nou-