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dispersés, César les fit poursuivre par sa cavalerie.

Les Bellovakes, le peuple le plus puissant de la Gaule Belgique, et quelques autres nations du voisinage, s’étaient rangés sous les ordres de Commius et de Correus ; ils voulaient faire la guerre aux Sénons, pour les punir d’avoir embrassé le parti des Rèmes. César l’apprend et arrive chez les Bellovakes ; mais déjà les femmes, les enfans, le bagage, s’étaient cachés au fond des forêts.

Les hommes se campèrent sur une montagne environnée de marais, et toutes les manœuvres de César pour les décider à quitter leur position furent inutiles.

Le proconsul passa les marais, et plaça son camp à une portée de trait de ses ennemis. Il se couvrit de deux fossés à fond de cuve, de quinze pieds de profondeur, et d’un rempart de douze pieds de haut, surmonté d’un parapet, et défendu par un grand nombre de tours à trois étages.

Cinq cents cavaliers germains, conduits par Commius, entrèrent dans le camp des Gaulois, et augmentèrent leur confiance. Tous les jours des escarmouches avaient lieu entre les deux armées, sans rien changer à la situation des affaires ; enfin la cavalerie des Rèmes fut défaite par les Bellovakes, et périt presque entièrement.

Sur ces entrefaites, trois légions de renfort que César avait demandées arrivèrent sous les ordres de Trebonius. Les Bellovakes craignirent alors un siége semblable à celui d’Alise ; ils évacuèrent leur position, et en prirent une plus éloignée. César, qui avait sept légions, n’osa pas cependant attaquer des troupes qui se conduisaient avec tant de prudence.

Cette guerre pouvait changer de nature, lorsque Correus, ayant voulu tendre une embuscade aux fourrageurs romains, fut trahi par les espions que César entretenait probablement près de lui, et ce chef périt avec sept mille hommes d’élite. César eut bon marché du reste.

Du pays des Bellovakes, le proconsul passa dans celui des Éburons. Il revint ravager les états d’Ambiorix, et exterminer ceux qui avaient pu échapper à son premier massacre. Il voulait, dit Hirtius, que ce malheureux prince devînt l’horreur de ses sujets, s’il lui en restait encore. Mais de telles dévastations font détester ceux qui les commettent, et l’on en plaint ordinairement les victimes.

La discorde régnait toujours entre les Gaulois. Dumnacus, un chef des Andes, assiégeait Duracius dans Lemovicum (Poitiers). Deux lieutenans de César, C. Caninius et C. Fabius, arrivèrent successivement. Dumnacus fut défait, et obligé de s’enfuir à l’extrémité des Gaules.

Cependant Drappès et Lucterius avaient toujours le projet d’attaquer la province romaine, sans autre objet, sans doute, après tant de défaites, que de la piller et de venger leur pays ; mais, atteints par Caninius, ils se jetèrent dans Uxellodunum, ville du Quercy, qui n’existe plus aujourd’hui. Les Romains formèrent le siége de la place. Drappès et Lucterius en sortirent pour la mieux défendre. Lucterius fut mis en fuite dans un combat ; Drappès resta prisonnier dans un autre.

César, pendant ce siége, visitait les différens peuples de la Gaule, cherchant à se concilier les uns, à épouvanter les autres, désirant les contenir tous. Il était chez les Carnutes quand il voulut qu’on lui livrât le moteur de cette guerre. César le fit battre de verges