Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 259 —

hâter la reddition ? Alise était une place forte par sa position ; elle n’avait à craindre que la famine. Si, au lieu de quatre-vingt mille hommes, Vercingetorix n’eût eu que vingt mille hommes, il eût eu pour cent vingt jours de vivres, tandis que soixante mille hommes tenant la campagne eussent inquiété les assiégeans : il fallait plus de cinquante jours pour réunir une nouvelle armée gauloise, et pour qu’elle pût arriver au secours de la place. Enfin, si Vercingetorix eût eu quatre-vingt mille hommes, peut-on croire qu’il se fût enfermé dans les murs de la ville ? Il eût tenu les dehors à mi-côte, et fût resté campé, se couvrant de retranchemens, prêt à déboucher et à attaquer César. L’armée de secours était, dit César, de deux cent quarante mille hommes ; elle ne campe pas, ne manœuvre pas comme une année si supérieure à celle de l’ennemi, mais comme une armée égale. Après deux attaques, elle détache soixante mille hommes pour attaquer la hauteur du nord : ce détachement échoue, ce qui ne devait pas obliger l’armée à se retirer en désordre.

« Les ouvrages de César étaient considérables ; l’armée eut quarante jours pour les construire, et les armes offensives des Gaulois étaient impuissantes pour détruire de pareils obstacles. Un pareil problème pourrait-il être résolu aujourd’hui ? Cent mille hommes pourraient-ils bloquer une place par des lignes de contrevallation, et se mettre en sûreté contre les attaques de cent mille hommes derrière sa circonvallation ? »

8.

Les Gaulois vaincus, mais non soumis, voulurent encore tenter le sort des armes. Leur conduite cette fois fut plus sage, et montre que l’expérience commençait à modifier un caractère bouillant et présomptueux.

Ils résolurent de former autant d’armées qu’il y avait chez eux de nations différentes, pensant que, s’ils parvenaient à remporter quelque avantage sur un point plus faible, ils diminueraient la confiance des légions romaines, et ranimeraient, au contraire, le courage de tant de peuples impatiens du joug.

Ce nouveau plan eût mis César en péril sans aucun doute, s’il s’était trouvé parmi les Gaulois assez de chefs habiles pour conduire ces corps isolés ; mais il fallait attaquer les Romains le même jour dans les différentes parties de la Gaule occupées, et pouvait-on l’espérer chefs qui ne savaient pas même s’entendre dans le conseil.

Leurs projets, connus de César avant d’être arrêtés, furent prévenus partout, malgré la saison rigoureuse. Il fondit à l’improviste sur les campagnes, surprit les habitans, fit de nombreux prisonniers, et anéantit encore tant d’espérances. (An 703 de Rome ; 51 avant notre ère.)

À peine revenu à Bibracte, le proconsul apprit que les malheureux Gaulois, au lieu de chercher à réparer leurs pertes par la concorde, formaient de nouvelles factions et se faisaient la guerre entre eux. Les Carnutes venaient d’attaquer les Bituriges, et ceux-ci, trop faibles pour se défendre, imploraient le secours de ces mêmes Romains qu’ils avaient voulu exterminer.

Aussitôt César vole chez les Carnutes, qui s’enfuient à son approche. Il se rend ensuite à Genabum, et campe au milieu des ruines de cette ville, brûlée par ses ordres dans la dernière campagne. Les habitans du pays s’étant

17.