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On donnait le nom de druides aux prêtres du pays. Ces druides passaient pour très-savans parmi les Gaulois, les Germains et les Bretons. Cependant ils n’écrivaient ni l’histoire ni le dogme. Ils perpétuaient les faits héroïques, enseignaient les mystères sacrés par la tradition et par les hymnes transmis de vive voix. Mais les druides ne se fient pas ainsi à leur mémoire pour les affaires particulières ; ils les écrivent dans leur propre langue avec des caractères grecs. Ces caractères venaient des Massiliens ; plus tard, ceux des Romains prévalurent. Ce sont ceux dont nous nous servons.

Les Gaulois formaient leur année de mois lunaires, ainsi que tous les peuples qui ne sont pas assez instruits pour calculer le cours du soleil. L’habitude de supputer le temps au moyen des lunaisons établit chez eux l’usage de compter par nuits. Le mois commençait, non quand la lune reparaît en croissant, mais six jours après, lorsque le quart de son disque est éclairé.

À tous les arts connus des peuples nomades, tels que ceux de fabriquer des tentes, des chars, des vêtemens, des armes, les Gaulois joignaient déjà l’art de l’agriculture et celui de fortifier des places. Ils se servaient de gros arbres couchés de manière qu’une des extrémités du tronc formât l’extérieur et l’autre l’intérieur du rempart. Ces arbres étant attachés par des poutres transversales, le bélier ne pouvait les renverser, et le revêtement de terre les rendait inaccessibles au feu.

Cassiodore nous apprend que la monnaie des Gaulois était de cuir. Ils eurent souvent occasion de piller des monnaies d’or et d’argent, et cherchèrent sans doute à les imiter. Peut-être firent-ils fondre par quelques prisonniers grecs ou romains, ces petites médailles de cuivre et d’argent que l’on trouve quelquefois, et dont les figures paraissent plus informes que ne l’étaient les dessins des sauvages de l’Amérique, avant que ces peuples connussent les Européens.

Le revers de presque toutes ces médailles représente un cheval ou un cochon ; d’autres fois on peut y reconnaître un cavalier. Le nom d’Ambiorix se lit sur quelques-unes, et d’abord on les regarda comme frappées dans les états du chef des Éburons, que César poursuivit sans relâche ; mais le nom se trouvant gravé en caractères romains, et les Gaulois n’ayant fait usage de ces caractères que long-temps après la conquête, il faut bien convenir que les médailles sont postérieures à cet Ambiorix.

Depuis deux cents ans que l’on recueille tout ce qui existe de nos propres antiquités, on n’a découvert aucun monument d’une époque antérieure. Il n’en existe pas, dit le comte de Caylus, qui ne soit purement romain ou copié d’après les Romains. Les Gaulois, ajoute-t-il, n’avaient de connaissances acquises que celles que rapportaient leurs troupes employées au service des nations étrangères.

On doit reproduire ces paroles avec d’autant plus de soin, que nos historiens confondent les temps, lorsqu’ils nous parlent des arts de la Gaule. Ils citent Pline, Strahon, Lucien, Ammien Marcellin, tous postérieurs à la conquête de Jules César, pour nous apprendre l’état des arts avant cette conquête.

Le fameux temple de Montmorillon, qu’on a cru si longtemps un ouvrage des Gaulois, ne s’est trouvé, à l’examen, qu’un hôpital bâti, dans le onzième ou le douzième siècle, par les pèlerins qui revenaient de la Palestine.