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posterior ; ce qui était ainsi établi, dit Polybe, afin que si l’un des deux manquait, l’autre restât pour commander le manipule en son absence.

Bien que la cohorte de Marius ne se divisât plus en manipules, mais qu’elle se partageât immédiatement en six centuries, ce général laissa cependant subsister, pour les officiers, les mêmes noms qu’ils avaient eus auparavant ; et, par une espèce de fiction, on joignit ensemble deux centuries dont les chefs portaient le même nom avec la distinction de prior et de posterior. Ainsi, le premier centurion de la cohorte s’appelait, dans la première cohorte, primipilus ; dans les autres, triarius prior ; celui de la seconde centurie, triarius posterior ; le troisième, princeps prior ; le quatrième, princeps posterior ; le cinquième, hastatus prior ; le sixième, hastatus posterior. Ce n’était plus qu’un vestige d’antiquité qui servait à marquer le grade des officiers dans la cohorte.

Les tribuns n’avaient pas le commandement direct de la légion. Le véritable chef de ce corps était le primipile ou premier des centurions. Ces officiers, au nombre de soixante, commandaient la tête des centuries, et chacun d’eux nommait un lieutenant à son choix (optio), pour conduire la queue.

La centurie étant divisée en décurie ou chambrée, avait aussi un chef appelé décurion ou serre-file, parce qu’il était le dernier de la file dans l’ordre de bataille. Lorsque les légions augmentaient en soldats, on y voyait plus de décuries ; mais les cohortes et les centuries restaient toujours fixées les unes à dix par légion, les autres à six par cohorte.

L’aigle de la légion qui était sous la garde des triaires, quand on formait l’armée par manipules, fut confiée au primipile. Il y avait d’autres enseignes attachées aux cohortes, aux manipules et aux centuries. Ces signes de ralliement étaient nécessaires aux Romains qui combattaient par troupes isolées et en quelque sorte indépendantes.

Lorsque les légions se formaient encore sur trois lignes, selon les différentes classes de soldats, les hastaires furent quelquefois appelés ante-signani, parce que leurs enseignes étaient placées dans les derniers rangs de leurs manipules, tandis que celles des princes et des triaires l’étaient au premier rang de chacun de ces deux corps.

Ainsi, à cette époque, le nom d’ante-signani était simplement relatif au poste que les troupes occupaient dans l’ordre de bataille. Mais, dans les derniers temps de la république, l’ordonnance par cohortes prévalut généralement sur celle des manipules, et les légionnaires ne furent plus distingués selon leurs classes ; alors le poste de l’aigle et des autres enseignes ne pouvait être que dans un seul rang, au centre de la profondeur de chaque cohorte, et l’armée étant rangée sur deux ou trois lignes, il y avait des ante-signani dans chacune d’elles.

Ces premiers rangs devenaient des postes d’honneurs dans les troupes romaines, et les anti-signani étaient presque considérés à l’égal des volontaires, et de ces vieux soldats congédiés (evocati), qui reprenaient les armes pour l’amour de leurs anciens chefs, et que l’on plaçait à la droite de la première ligne.

Il est certain que la seconde ordonnance resserrée en cohortes, jouissait des mêmes propriétés que la disposition première séparée par manipules, et qu’elle offrait d’ailleurs plus de force et de solidité. Les flancs sont les parties faibles de tout ordre de bataille, et la ligne à intervalles présentera toujours de graves inconvéniens.

Les cohortes étaient placées à vingt