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changemens. Ils se modelèrent alors sur la cavalerie la plus en usage, portèrent le casque, la cuirasse, le bouclier oblong, les bottines, le javelot et la double lance dont la hampe de dix à onze pieds de long, et de douze à quinze lignes de diamètre, avait au petit bout un fer de quatre à cinq pouces, et un autre plus court au talon, afin que si l’un des côtes se rompait, l’autre pût servir. Ils prirent aussi le sabre recourbé. Par les effets que Tite-Live en rapporte, on peut juger qu’il était admirable et de la trempe la plus fine. Les Romains lui durent les premiers avantages qu’ils remportèrent sur la cavalerie macédonienne.

Josèphe, décrivant l’armure des cavaliers romains telle qu’elle était de son temps, dit qu’ils portaient une longue épée au côté droit ; une lance à la main ; un bouclier passe en écharpe, qui couvrait le cheval par le côté ; et, dans un carquois, trois dards pour le moins, armés d’un large fer, et presque aussi longs que des javelots. Leurs cuirasses et leurs casques n’étaient point différens de ceux des fantassins.

P. Scipion, qui fut choisi pour commander en Espagne après la mort de son père et de son oncle, porta son attention sur la cavalerie. Les mouvemens auxquels il jugeait qu’elle devait être exercée en toutes circonstances, nous ont été conservés par Polybe dans un fragment qu’on doit regarder comme un des plus curieux que nous possédions pour la connaissance des exercices de cette arme chez les anciens.

« Pour chaque cavalier individuellement, dit-il, les à-droite, les à-gauche et les demi-tour. Pour les turmes, les conversions, les reversions, les demi-tour ou doubles conversions, les trois-quarts de conversion. Scipion faisait également sortir une ou deux files de chaque aile, et quelquefois du centre, pour les porter à quelque distance ; puis toute la ligne s’avançait au galop ; et elle devait, par décuries ou par turmes, se ranger exactement dans les intervalles. Il les exerçait particulièrement aux changemens de front sur l’une ou l’autre aile, soit en les mettant d’abord en avant en colonnes par turmes ou par décuries de pied ferme, soit en les faisant marcher par le flanc et tourner du côté des serre-files ; car en rompant la ligne en colonnes par sections, pour exécuter le même mouvement, et faisant prendre successivement à chacun d’eux la nouvelle direction pour se mettre (par exemple sur la droite) en bataille, il jugeait que chaque section arrivait lentement sur la ligne où elle devait se placer, et que d’ailleurs ce mouvement ressemblait à la simple colonne de route. »

Lorsqu’une nécessité urgente faisait créer un dictateur, ce magistrat nommait un général de cavalerie qui devenait par là le second officier de l’État. Non seulement on le reconnaissait chef de toute la cavalerie, il avait encore, en l’absence du dictateur, le commandement de l’armée. La durée de ces deux magistratures n’était que de six mois ; on les conservait à peine quelques jours de plus.

Hors ces occasions, il ne paraît pas qu’il y eut dans les armées un général de la cavalerie. La répartition de cette arme dans les cohortes, et sa position dans les camps, où les turmes étaient distribuées sur l’un des flancs de chaque cohorte, semblent prouver quelle obéissait (quant à la discipline journalière) aux tribuns des légions.

Les Romains plaçaient le plus souvent leur cavalerie à droite et à gauche du corps de bataille ; elle formait alors les ailes de l’armée. Quelquefois aussi ils la