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armées occupaient en s’avançant sur plus d’une colonne.

C’était aussi le quadratum agmen que l’on trouve si souvent dans les anciens auteurs, car ce terme n’a jamais signifié chez eux une disposition à quatre faces, une armée rangée sur autant de front que de profondeur. Cette expression indique seulement la figure décrite par l’armée sur le terrain, savoir un parallélogramme à angles droits.

On ne trouve dans toute l’antiquité, qu’un seul exemple d’une disposition à quatre faces ; c’est celle que prit Germanicus, selon Tacite, en traversant des bois où l’ennemi l’attendait. Ce lieu ne paraît pas très commode pour faire marcher un grand carré tout formé, et il est au moins vraisemblable que la tête et la queue s’avançaient sur plusieurs petites colonnes, qui devaient se déployer pour former la ligne.

Ce dernier ordre de marche (passim), était affecté particulièrement à l’ordonnance par manipules, soit dans le cas où l’on côtoyait l’ennemi, ou bien lorsque l’on craignait d’être attaqué à l’improviste. Cette disposition disparut pour faire place aux cohortes permanentes. Toutefois, quand on partait du camp dans le dessein arrêté d’aller droit à l’ennemi pour le combattre, on le faisait au moins sur deux colonnes, le plus souvent sur trois, principalement si l’armée dépassait le nombre de quatre légions.

Chaque colonne était composée de cohortes qui devaient être en première, en seconde, en troisième ligne. On marchait sur autant de front que le terrain le permettait, et dès que l’on était arrivé assez près de l’ennemi, les colonnes se déployaient pour se recoudre et former l’ordre de bataille.

C’est ce que l’on appelait triplici acie incedere ; triplici acie institutâ ad locum venire : ou duplici acie, quand il n’y avait que deux colonnes. L’ordre de bataille se désignait par triplex acies, duplex acies, simplex acies, pour indiquer l’armée rangée sur trois lignes, sur deux, ou sur une seule. Duplici acie pugnare, combattre sur deux lignes ; triplici acie, sur trois. Et l’on disait prima acies pour la première ligne ; seconda acies venait ensuite ; enfin, subsidia ou acies postrema, indiquait la troisième ligne.

Mais le mot acies avait encore une autre signification ; il désignait une partie du front de la ligne de bataille. Une armée consulaire se trouvait divisée en trois parties distinctes, le centre media acies qu’occupaient les légions romaines ; et les ailes, cornua, où se plaçaient les alliés. Ces différentes significations du mot acies ont été, pour les érudits, le sujet de discussions grammaticales interminables ; il appartenait aux militaires d’intervenir dans une question qu’eux seuls pouvaient décider.

Quand on combattait par manipules, l’ordre de bataille se formait avec les légions romaines au centre, et les alliées aux ailes. Il y avait quarante manipules à chaque ligne.

Dans l’ordonnance par cohortes sur deux lignes, dix cohortes romaines, étaient au centre, et dix alliées aux ailes. On faisait aussi entrer les légions entières dans chaque ligne ; la première présentant alors une légion romaine et une alliée ; la seconde, une alliée et une romaine.

Enfin, lorsque les légions combattaient sur trois lignes, ou l’on rangeait ces corps l’un à côté de l’autre dans les trois lignes, les deux légions romaines, au centre, les alliées aux ailes ; ou bien encore on plaçait deux légions dans la première ligne, une dans la seconde et une dans la troisième.