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POLYBE, LIV. VI.

lement goûté à du vin, il n’y aurait pas besoin d’autre indice pour le faire découvrir (Apud Athænæum, lib. x, c. 11). Schweighæuser.


Ancus Marcius fonda encore Ostie, ville fortifiée sur le Tibre (Stephanus Byzant., in Ὤστια). Schweighæuser.


Lucius, fils de Démarate le Corinthien, partit pour Rome, plaçant de grandes espérances, tant sur lui-même que sur ses richesses, et persuadé que les occasions ne lui manqueraient pas de montrer qu’il n’était inférieur à aucun citoyen de la république. Il était même marié à une femme qui, à d’autres qualités, joignait encore une âme propre à le seconder dans des projets qui demandent de la prudence et de l’adresse. Aussitôt donc qu’il fut arrivé à Rome, et qu’on lui eut accordé le droit de cité, il se mit à montrer la plus grande déférence pour les ordres du roi ; et bientôt, en partie par sa libéralité, en partie par l’adresse de son esprit, et surtout au moyen des arts dans lesquels il avait été instruit dès son enfance, il sut s’insinuer tellement dans l’esprit du roi, qu’il parvint à exercer sur lui un certain empire, et obtint toute sa confiance. Enfin, par la suite, il fut admis dans l’intimité du roi Ancus Marcius, au point d’habiter dans son palais et d’administrer les affaires de l’état avec lui. Dans cette gestion, comme il veillait aux intérêts de tous en général, tandis qu’en même temps il aidait, en particulier, de son crédit et de ses travaux ceux qui lui demandaient quelque chose, usant même dans l’occasion de ses propres richesses avec magnificence, il s’attirait d’un côté l’attachement de beaucoup de citoyens par ses bienfaits, et de l’autre il s’était acquis la bienveillance de tous, en se faisant à leurs yeux une réputation de vertu : c’est par ces moyens qu’il parvint jusqu’à s’élever au trône (Excerpta Valesian.). Schweighæuser.


III.


Des différentes sortes de gouvernemens.


Quand on ne doit traiter que des républiques de la Grèce, de l’accroissement des unes ou de la ruine totale des autres, on n’a nulle peine à raconter ce qui s’y est passé, et à prédire ce qui, dans la suite, y arrivera ; car quoi de plus aisé que de rapporter ce que l’on sait, ou de conjecturer par ce qui s’est fait autrefois, sur ce qui doit se faire à l’avenir ? Il n’en est pas de même de la république romaine : son état présent est difficile à développer, à cause de la variété qui se remarque dans son gouvernement ; et l’on ne peut que difficilement prévoir ce qu’elle deviendra, parce que l’on ne connaît point assez comment elle se conduisait autrefois, soit dans les affaires générales, soit dans les affaires particulières. C’est pourquoi, sans une étude et une application très-sérieuses, on ne découvrira jamais clairement et complétement les avantages qui distinguent cette république de toutes les autres.

La plupart de ceux qui ont traité avec méthode des différentes formes de gouvernement, en ont distingué trois, savoir : la royauté, l’aristocratie et la démocratie. On ne voit pas si, par là, ils ont voulu nous faire entendre qu’il n’y en avait point d’autres, ou que c’étaient là les trois meilleures ; mais, quoi qu’il en soit, j’ose dire qu’ils se sont trompés sur l’un et l’autre point.