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POLYBE, LIV. VII.

quelle fut sa conduite à la suite des désastres de Cannes, et lorsqu’elle paraissait perdue sans retour. Cependant je ne serais certainement pas étonné que ceux qui sont nés sous cette république prétendissent que mon travail est incomplet, parce que j’ai omis quelques détails. En effet, comme ils sont parfaitement instruits dans les affaires de leur pays, et qu’ils en acquièrent une très-grande habitude, étant nourris, dès leur enfance, dans ces mœurs et dans ces institutions, ils s’occuperont moins d’approuver ce que j’aurai dit, que de signaler ce que je puis omettre : car ils ne diront pas que l’écrivain a passé sur ce qui lui paraissait être de peu d’importance, mais bien qu’il a négligé, par ignorance, la cause principale des faits et leur liaison. Faisant donc supposer que tout ce qui e été dit est d’une partie médiocre ou superflu, et, au contraire, présentant les omissions comme des circonstances indispensables dans cet ouvrage, ils se proclameront bien plus instruits que l’historien. « Il serait pourtant de toute équité d’apprécier les écrivains, non d’après leurs omissions, mais sur les faits qu’ils rapportent. Si, par hasard, on y découvre quelque allégation fausse, on peut, certes, croire qu’ils ont péché par ignorance ; mais si tout ce qu’ils disent est reconnu vrai, pourquoi ne pas admettre que c’est volontairement qu’ils négligent les autres faits[1] ? » Ceci soit dit pour ceux qui jugent les historiens avec plus de critique que de justice (Angelo Mai, ibid.)




FRAGMENS
DU

LIVRE SEPTIÈME.


I.


Guerre d’Annibal.


Polybe, dans le septième livre de son histoire, écrit que les habitans de Capoue, dans la Campanie, amassèrent tant de richesses à cause de la bonté de leur territoire, qu’ils se livrèrent à la volupté et au luxe le plus somptueux, au point de surpasser tout ce que l’on avait rapporté des Crotoniates et des Sybarites devenus si célèbres par ce vice. Ne pouvant, dit-il, supporter le poids de leur opulence, ils appelèrent Annibal : aussi furent-ils, dans la suite, accablés par les Romains des maux les plus pesans et les plus atroces. Les Pétélénins, au contraire, fidèles observateurs de la foi jurée aux humains, lorsque Annibal vint les assiéger, lui résistèrent avec tant de courage et de constance, qu’après s’être nourris de tous les cuirs qui étaient renfermés dans la citadelle, et avoir même consommé toutes les écorces et tous les rejetons un peu tendres des arbres que contenaient leurs murs, après onze mois de siége, ne recevant

  1. Schweighæuser, supra.