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POLYBE, LIV. VII.

de secours de personne, ils en furent enfin réduits à se rendre aux Carthaginois, avec le consentement des Romains, qui accordaient les plus grands éloges à leur fidélité. (Athenæi, lib. xii, c. 6.) Schweighæuser.


II.


Hiéronyme de Syracuse rompt le traité qu’Hiéron, son aïeul, avait fait avec les Romains, et fait alliance avec les Carthaginois.


Après la conjuration qui s’était formée contre la vie d’Hiéronyme, roi de Syracuse, et après la mort de Thrason, Zoïppe et Andranadore persuadèrent à ce prince d’envoyer, sans délai, des ambassadeurs à Annibal. On jeta les yeux, pour cette mission, sur Polycrète de Cyrène et Philodème d’Argos, et on les fit partir pour l’Italie, avec ordre de traiter d’alliance avec les Carthaginois. Le roi envoya, en même temps, ses frères à Alexandrie. Annibal reçut gracieusement les ambassadeurs, leur vanta fort les avantages que le jeune roi tirerait de l’alliance qu’il projetait, et les envoya avec des ambassadeurs de sa part, qui étaient Annibal de Carthage, alors commandant des galères ; Hippocrate et Épicide, son frère puîné, tous deux Syracusains. Ces deux frères portaient les armes depuis long-temps sous Annibal ; ils étaient même établis à Carthage, parce que, leur aïeul ayant été accusé d’avoir attenté à la vie d’Agatharque, le plus jeune des fils d’Agathoclès avait été obligé de fuir hors de sa patrie. Ces deux ambassadeurs arrivent à Syracuse, et Annibal de Carthage fait part au roi des ordres que lui avait donnés le général des Carthaginois. Hiéronyme, qui était déjà disposé à se lier avec ce peuple, dit à Annibal qu’il fallait, au plus tôt, qu’il partît pour Carthage, et il promit d’y envoyer avec lui des ambassadeurs pour traiter, de sa part, avec les Carthaginois.

On apprend à Lilybée la nouvelle de cette alliance. Le préteur qui y était de la part des Romains, députe aussitôt au roi de Syracuse, pour l’engager à renouveler les traités que ses ancêtres avaient faits avec Rome. Le prince ne goûtait point cette ambassade : « Je plains fort le sort des Romains, répondit-il ; il est fâcheux qu’un méchant peuple soit taillé en pièces en Italie par les Carthaginois. » Les ambassadeurs, étonnés d’une réponse si peu sensée, lui demandèrent sur la foi de qui il parlait de la sorte : « C’est, dit-il, sur la foi des Carthaginois que vous voyez ; c’est eux qu’il faut accuser de mensonge, si ce que je viens de vous dire est faux. » Les ambassadeurs répliquèrent que ce n’était pas la coutume des Romains d’ajouter foi au rapport de leurs ennemis ; qu’au reste ils lui conseillaient de ne pas enfreindre les anciens traités, et que non-seulement la justice, mais encore son propre intérêt lui commandaient de les observer fidèlement. « Je délibérerai sur ce sujet, reprit le roi, et je vous ferai savoir ma dernière résolution. Mais dites-moi, je vous prie, pourquoi avant la mort de mon aïeul vous êtes revenus à Syracuse, après que vous en étiez partis avec cinquante vaisseaux, et que vous étiez même arrivés au promontoire de Pachynum ? » En effet les Romains, quelque temps avant cette ambassade, ayant entendu dire qu’Hiéron était mort, étaient revenus à Syracuse, dans la crainte que le peu de respect qu’on aurait pour un roi enfant ne donnât lieu à quelque révolution, et, informés ensuite qu’Hiéron vivait, ils avaient repris