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POLYBE, LIV. XI.

comment se retourner, elle tue plus de ses gens que les Romains n’en tuent ; elle était d’autant plus à l’étroit que son infanterie l’incommodait en flanc, l’infanterie romaine en tête, et la cavalerie par derrière. Dans ce combat, presque tout ce qui était descendu dans la vallée fut passé au fil de l’épée, et ceux qui étaient au pied de la montagne furent mis en déroute ; c’étaient les troupes légères qui formaient un tiers de toute l’armée. Indibilis se sauva avec eux, et se mit à couvert dans un lieu fortifié.


Les affaires d’Ibérie terminées, Scipion revint à Tarragone, pour aller de là dans sa patrie recevoir l’honneur du triomphe qu’il avait mérité. Afin d’y arriver au temps de l’élection des consuls, après avoir donné ordre à tout ce qu’il y avait à faire en Espagne, il s’embarqua pour Rome avec C. Lélius et d’autres amis, laissant le commandement de l’armée à M. Junius. (Dom Thuillier.)


V.


Antiochus rétablit Euthydème dans sa première dignité. — Expédition d’Antiochus dans les hautes provinces de l’Asie.


Euthydème, né à Magnésie, tâchait de se justifier auprès de l’ambassadeur d’Antiochus, en lui remontrant que ce prince avait tort de vouloir le chasser de son royaume ; que, loin d’avoir quitté son parti, il ne s’était rendu maître de la Bactriane qu’en faisant mourir les descendans de ceux qui lui avaient manqué de fidélité. Après avoir parlé long-temps sur ce sujet, il pria Téléas de se rendre médiateur entre Antiochus et lui, et de faire en sorte, par ses remontrances et ses prières, que ce prince ne lui vît pas avec peine le nom et la dignité de roi. Il ajoutait que, s’il ne se rendait pas, il n’y aurait de sûreté ni pour l’un ni pour l’autre ; qu’un grand nombre de Numides étaient prêts à fondre sur le pays, ce qui les menaçait l’un et l’autre d’un péril égal ; car ces sauvages, une fois entrés, infecteraient tous les habitans de leur barbarie.

Téléas alla ensuite porter ces paroles à Antiochus, qui, cherchant depuis long-temps à terminer la guerre, accepta volontiers les propositions de paix que Téléas apportait de la part d’Euthydème. Après plusieurs autres voyages de cet ambassadeur, Euthydème envoya Demetrius son fils pour ratifier le traité. Antiochus le reçut bien, et, jugeant sur sa beauté, sur ses discours et sur l’air de majesté qui régnait dans toute sa personne, qu’il était digne d’être roi, il lui promit une de ses filles en mariage, et accorda à son père le nom de roi. Les autres articles du traité furent mis par écrit, et on confirma l’alliance par sermens.

Cette affaire conclue, Antiochus, ayant fait distribuer des vivres à son armée et pris les éléphans d’Euthydème, se mit en marche. Après avoir traversé le Caucase, il entra chez les Indiens, et lia de nouveau amitié avec le roi Sophagasène. Il y reçut encore des éléphans, de sorte qu’il en eut en tout cent cinquante. Il partit de là, après avoir fait une nouvelle provision de vivres, et y laissa Androstène de Cyzique pour avoir soin d’emporter l’argent que ce roi était convenu de lui donner. Quand il eut traversé l’Arachosie, il passa la rivière d’Érymanthe, et entra par la Drangiane dans la Carmanie, où, comme l’hiver approchait, il mit ses troupes en quartiers. Telle fut l’expédition d’Antiochus dans les hautes provinces, expédition par laquelle il soumit à son pouvoir, non-