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POLYBE, LIV. XII.

coupable. Aussi, cela suffit-il pour le faire connaître. (Ibid.)


À ceux qui ne tiennent pas fidèlement leurs conventions, nous appliquons ce proverbe : « Locriens dans les traités. » Or, voici le récit sur lequel s’appuie cette locution, récit que les historiens, comme les autres personnes, reconnaissent unanimement. Lors de l’invasion des Héraclides, les Locriens étaient convenus avec les Péloponnésiens d’élever des fanaux comme signes de guerre, s’il arrivait que les Héraclides opérassent leur descente non par l’isthme, mais par la mer. Ceux du Péloponnèse étant ainsi prévenus auraient pu se tenir en garde contre leur attaque. Les Locriens, loin d’exécuter cette promesse, élevèrent des fanaux en signe d’amitié quand les Héraclides se présentèrent ; de sorte que ceux-ci effectuèrent leur descente en toute sécurité. Les Péloponnésiens, qui avaient négligé de prendre des informations, trahis par les Locriens, virent les ennemis pénétrer dans leurs foyers. (Ibid.)


..... Accuser, et puiser dans les mémoires de gens qui rêvent et qui se disent inspirés. Ceux qui donnent créance à de pareilles niaiseries devraient se contenter d’avoir pu se soustraire à un juste blâme, et ne pas attaquer les autres, comme cela arrive à Timée ; car il traite de flatteur Callisthènes pour avoir écrit de semblables choses, et l’accuse de s’écarter des principes de la philosophie pour prêter de l’attention à des corbeaux et à des femmes en délire. Il ajoute qu’il fut justement puni par Alexandre pour avoir (autant qu’il était en lui) déshonoré son caractère. Ailleurs, Timée donne des éloges à Démosthène et aux autres orateurs qui florissaient de son temps, et dit qu’ils ont été dignes de la Grèce, en refusant à Alexandre les honneurs divins, tandis que le philosophe qui a mis aux mains d’un homme le tonnerre, a reçu de la divinité les châtimens qu’il méritait. (Ibid.)


De même qu’une seule goutte, comme dit le proverbe, suffit pour faire connaître toute la liqueur contenue dans le plus grand vase, ainsi on peut porter un jugement dans le sujet qui nous occupe. En effet, lorsqu’on a trouvé un ou deux mensonges dans un ouvrage, et qu’ils ont été faits de propos délibéré, il est évident que rien de ce que rapporte l’auteur d’un pareil livre ne peut inspirer de confiance. Tâchons de persuader aux partisans de Timée que c’est précisément le cas où il se trouve. Faisons remarquer surtout sa manie des discours et des allocutions, la complaisance qu’il met à faire parler les ambassadeurs ; et, en un mot, toutes les compositions de ce genre, sur lesquelles roulent les principaux faits et même toute l’histoire. Or, est-il un lecteur qui ne sache que les discours insérés par Timée dans ses mémoires sont de son invention ? car il ne rapporte ni les paroles qui ont été dites, ni la manière dont elles ont été prononcées réellement, mais se propose de montrer comment on devait parler. Il se plaît à peser toutes ses paroles et à énumérer toutes les circonstances des faits, comme on s’attacherait à le faire au sein de l’école, sur un sujet donné, pour faire preuve de talent oratoire, et non pour reproduire le langage véritable qu’ont tenu les personnages. (Ibid.)