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sur les deux ailes ; les chariots placés entre les sections et derrière l’infanterie, devaient agir en passant à travers les intervalles que lui ouvrirent le corps de bataille et les chalcaspistes.

En voyant les dispositions formidables de ses adversaires, Antiochus, qui n’avait eu que peu de temps pour se préparer au combat, pensait à le terminer par un accommodement honorable, lorsque un rhodien nommé Théodotas, homme versé dans la science de la tactique, releva le courage d’Antiochus, et, comme Xanthippe, changea la face des affaires.

Il lui conseilla de dérober aux ennemis la présence de ses éléphans, et au moment où le signal du combat se ferait entendre, de pousser à chaque aile quatre de ces animaux contre la cavalerie, et les huit autres sur le centre contre les chariots. Il pensait que les chevaux et les cavaliers, qui voyaient alors ces éléphans pour la première fois, prendraient facilement l’épouvante, et se rejetteraient sur leur propre corps de bataille.

Ce que Théodotas avait prévu, ne manqua pas d’arriver ; les Galates furent écrasés par leurs cavaliers et leurs chariots ; Antiochus remporta une victoire complète. (Ans 477 de Rome ; 277 avant notre ère.) Mais comment ces Gaulois, nommés Galates, étaient-ils parvenus jusqu’en Asie ! Le détail de cette expédition n’est pas sans intérêt.

Les Gaulois, repoussés par les Romains, s étaient jetés sur l’Illyrie et la Thrace. Quand leur incursion dans la Macédoine et dans la Phocide eut fait sentir la difficulté de s’établir en Grèce, ils pensèrent à l’Asie, dont les successeurs d’Alexandre leur avaient révélé les richesses.

Vingt mille de ces barbares s’avancèrent vers la Propontide, dans le temps même où Prausus, un de leurs chefs, éprouvait une défaite aussi terrible que celle que Brennus avait fait essuyer aux Romains.

Vaincus plusieurs fois par les Grecs, les Gaulois s’obstinèrent à demeurer entre le Sperchius et les Thermopyles ; il leur advint ce qui était arrivé aux Perses. Les Héracléates et les Ænianes, fatigués de leurs ravages, leur enseignèrent le chemin suivi par le mède Hydarnès, quand il surprit Léonidas.

Prausus y monte, un matin, lorsqu’un épais brouillard couvrait le mont Œta et dérobait sa marche ; les Phocéens, qui gardaient le passage, sont forcés. Ils en donnent avis aux Grecs placés aux autres postes ; tous se retirent précisément de la même manière que leurs ancêtres l’avaient fait deux cents années auparavant. Il est vrai que personne ne se dévoua, comme autrefois, à une mort glorieuse, mais absolument inutile.

On fit mieux : on s’occupa des moyens d’arrêter et de chasser ces déprédateurs. Leur but était de piller le temple de Delphe. Prausus laissa une grande partie de ses troupes sous les murs d’Héraclée, et s’avança en toute diligence. Les Grecs, ce me semble, déployèrent alors cet esprit d’astuce et de ressources qu’on leur a toujours attribué.

Le temps manquait. Les paysans s’enfuyaient dans les villes, et le désir de soustraire leurs effets au pillage, en pouvait faire surprendre un grand nombre par les Gaulois. L’Apollon de Delphe, rendit un oracle qui défendait aux habitans de la campagne d’emporter les effets en quittant leurs demeures ; le Dieu se chargeait de tout conserver.

Les Gaulois ne pouvaient manquer une si belle occasion ; ils perdirent plusieurs jours au pillage et dans l’intem-