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POLYBE, LIV. XVI.

nandre ; aux Étoliens, à Naupacte ; aux Achéens, à Égium ; et ils s’en allèrent vers Ptolémée et Antiochus pour pacifier les différends que ces deux princes avaient ensemble. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Philippe rétablit ses affaires, et fait heureusement la guerre contre Attalus et les Rhodiens.


Il est assez ordinaire de voir des gens capables de commencer bien une affaire, et de la suivre avec la même ardeur jusqu’à un certain point ; mais on voit peu de personnes qui sachent la conduire jusqu’à la fin, et regagner par la force de l’esprit, ce que la fortune, en traversant leur dessein, leur aurait fait perdre de vivacité. Autant que l’on peut justement blâmer Attalus et les Rhodiens de leur nonchalance, autant on doit louer Philippe pour la noblesse de ses projets, l’élévation de son esprit, et la constance dans ses résolutions. Je crois devoir avertir que je ne prétends pas que cet éloge s’étende à toute la vie de ce prince. Il n’est ici question que de la fermeté qu’il eut dans les conjonctures présentes. Cet avis était nécessaire ; sans cela on me reprocherait peut-être de ne pas m’accorder avec moi-même, parce qu’après avoir loué plus haut Attalus et les Rhodiens, et blâmé Philippe, je tiens ici un langage contraire. C’est pour prévenir ce reproche, que j’ai dit, dès le commencement de cet ouvrage, qu’il était nécessaire de louer quelquefois et de censurer les mêmes personnes, parce que souvent, selon les circonstances où on se trouve, on prend un bon ou un mauvais parti, et qu’indépendamment même des circonstances, l’homme se porte de lui-même quelquefois à ce qui lui est préjudiciable. Philippe nous fournit un exemple de ces états différens que l’on remarque dans les hommes. Chagrin de ses pertes passées, il ne suivait que les mouvemens de sa colère. Cependant il se conduisit dans l’occasion présente avec une présence d’esprit qui dépasse les forces ordinaires de la nature. Aussi, après avoir déclaré de nouveau la guerre à Attalus et aux Rhodiens, il vint heureusement à bout de son entreprise. Ce qui m’a donné lieu de faire cette petite digression, c’est que j’ai vu des gens qui, comme de mauvais coureurs, s’arrêtaient au milieu de la carrière et abandonnaient des affaires déjà avancées, et d’autres qui, pour ne s’être point rebutés ont glorieusement exécuté leurs desseins. (Dom Thuillier.)


Philippe voulait enlever aux Romains l’occasion d’agir, et des ports où ils pussent débarquer. S’il eût pris le parti de passer de nouveau en Asie, il y eût trouvé le port d’Abydos où il eût pu débarquer, et par où il eût pu entrer en Asie. (Excerpta antiq.) Schweighæuser.


Description d’Abydos et de Sestos. — Siége de cette première ville par Philippe.


La situation d’Abydos et de Sestos, les commodités que l’on trouve dans ces deux villes sont si connues même par le vulgaire, qu’il me paraît fort inutile d’en faire ici une longue description. Cependant il sera bon, pour une plus grande intelligence de ce que je vais rapporter, qu’en peu de mots j’en rappelle à mes lecteurs le souvenir, et je parlerai de ces deux places, de manière qu’en comparant ensemble ce que j’en dirai, on les connaîtra mieux que si l’on était sur les lieux. Comme de l’O-