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POLYBE, LIV. XX.

s’unir aux Béotiens, que de leur consentement, et parce que Cléomène occupant l’isthme, ils ne pouvaient avoir nul commerce avec eux. Les Béotiens furent extrêmement blessés de cette désertion ; ils se crurent méprisés et coururent aux armes. Pleins de mépris pour les Mégariens, ils s’approchèrent de la capitale, sans penser que les Achéens viendraient au secours. Déjà ils faisaient leurs approches, lorsque, saisis d’une terreur panique, fondée sur le bruit qui courut que Philopœmen arrivait avec ses troupes, ils laissèrent leurs échelles, contre les murailles et se retirèrent en désordre dans leur pays. Quelque dérangé que fût le gouvernement des Béotiens, ils ne souffrirent cependant pas beaucoup des guerres de Philippe et d’Antiochus. Mais ils eurent beaucoup à souffrir dans la suite. La fortune sembla vouloir se dédommager, et, elle les traita cruellement, comme nous verrons plus bas. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Le prétexte dont les Béotiens couvraient leur haine contre les Romains était la mort de Brachylles et l’expédition que Flaminius avait entreprise contre Coronée pour venger les Romains, qui avaient été massacrés sur les routes ; mais la véritable raison de ce changement provenait, comme nous l’avons dit, de ce qu’ils s’étaient laissé corrompre : et en effet, lorsque le roi Antiochus se fut approché de Thèbes, les magistrats béotiens allèrent au-devant de lui hors de leur ville, eurent un entretien familier avec lui et le firent entrer dans leur ville. (Ibid.)


V.


Antiochus se marie dans Chalcis.


Antiochus, surnommé le Grand, ainsi que le raconte Polybe dans son livre xx, étant parti pour Chalcis en Eubée, y contracta un mariage, à l’âge de cinquante ans, au moment où il avait deux pesantes affaires sur les bras : la délivrance de la Grèce, comme il le déclarait lui-même, et la guerre avec les Romains. Épris d’amour pour une jeune fille de Chalcis, au milieu même de la guerre, il ne songea plus qu’aux apprêts de son mariage, et passait tout son temps dans les plaisirs et dans l’ivresse des festins. Cette jeune vierge était fille de Cléoptolème, un des plus illustres citoyens de Chalcis, et elle était de la beauté la plus remarquable. Il passa tout l’hiver à Chalcis, uniquement occupé de la célébration de son mariage, et laissa de côté tout soin des grandes affaires. Il donna à cette jeune fille le nom d’Eubé. Lorsqu’il eut été vaincu dans la guerre, il se réfugia à Éphèse avec sa nouvelle épouse. (Apud Athenæum, lib. x.) Schweigh.


VI.


Après la prise d’Héraclée par les Romains, les Étoliens envoient plusieurs fois à Rome des ambassadeurs, et sont obligés de se rendre à la foi des Romains. Trompés par le mot de foi, et instruits ensuite de la force de ce mot, ils en sont effrayés et rompent le traité. — Retour de Nicandre envoyé par les Étoliens à Antiochus, et sa conférence avec Philippe.


Phénéas, préteur des Étoliens, voyant, après la prise d’Héraclée, le danger qui menaçait l’Étolie, et se représentant les maux qui devaient fondre sur les autres villes, se hâta de députer à Manius pour demander une trève et la paix. Ses ambassadeurs furent Archédame, Pantaléon et Chalèse, qui abordèrent le consul, bien disposés à lui faire un long discours. Mais Manius ne leur en donna pas le loisir ; il les interrompit sous prétexte qu’il était trop occupé de la dis-