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POLYBE, LIV. XXI.

sur cet avis, Lucius fit réponse aux ambassadeurs d’Antiochus, qu’avant l’arrivée du proconsul la paix ne pouvait se faire. Antiochus n’eut pas reçu cette réponse, qu’aussitôt il porta le dégât dans la campagne d’Élée, et, laissant Séleucus dans le pays, s’avança jusque dans la plaine de Thèbes, plaine fertile et abondante en toutes sortes de biens, et ses troupes s’y gorgèrent de butin. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Antiochus et les Romains attirent Prusias dans leur alliance.


Après l’expédition que nous venons de raconter, Antiochus, arrivé à Sardes, députait coup sur coup à Prusias pour l’exhorter à faire alliance avec lui. Jusqu’alors Prusias, qui craignait que les Romains ne passassent en Asie et n’en soumissent toutes les puissances à leur domination, avait assez de penchant à s’unir avec Antiochus ; mais une lettre qu’il reçut des deux Scipions, Lucius et Publius, fixa ses incertitudes et lui ouvrit les yeux sur les suites de ce qu’Antiochus entreprenait contre les Romains ; car Publius s’était servi des raisons les plus fortes et les plus capables de le persuader et de le tirer de l’erreur où il était. Pour lui montrer que ni lui, ni la république n’avaient en vue de le dépouiller de ce qui lui appartenait, il lui faisait voir que les Romains, loin de chasser du trône les rois qui l’occupaient légitimement, avaient eux-mêmes fait des rois et augmenté beaucoup la puissance de quelques autres ; témoin dans l’Espagne, Indibilis et Colchas ; dans l’Afrique, Massinissa ; et dans l’Illyrie, Pleurate, qui tous, de petits dynastes, devenus rois par le secours des Romains, étaient maintenant reconnus pour tels. Qu’il jetât encore les yeux sur Philippe et Nabis ; quoique les Romains eussent vaincu le premier et l’eussent obligé à donner des ôtages et à payer un tribut, après avoir reçu quelques marques très-légères de son amitié, ils lui avaient rendu son fils et les autres jeunes seigneurs qui étaient à Rome en ôtage avec lui, l’avaient déchargé du tribut qui lui avait été imposé, et avaient ajouté à son royaume plusieurs villes qui avaient été prises pendant la guerre ; qu’à l’égard de Nabis, bien qu’ils fussent en droit de le perdre entièrement, ils l’avaient cependant épargné, quoique ce fût un tyran, et s’étaient contentés d’en tirer les assurances ordinaires ; qu’il cessât donc de craindre pour son royaume ; qu’il prît avec confiance les intérêts des Romains, et que jamais il n’aurait lieu de se repentir de les avoir pris. Cette lettre fit une telle impression sur l’esprit de Prusias, qu’aussitôt qu’il eut parlé aux ambassadeurs qui lui étaient venus de la part de C. Livius, il renonça à toutes les espérances dont le roi de Syrie, pour le gagner, l’avait jusqu’alors flatté. Antiochus, ne voyant plus de ressource de ce côté-là, prit la route d’Éphèse, et, jugeant que le seul moyen qui lui restait pour arrêter les Romains et empêcher la guerre en Asie, était de se rendre puissant et redoutable sur mer, il résolut de décider les affaires par un combat naval. (Ibid.)


Après le passage des Romains en Asie, Antiochus épouvanté envoie des ambassadeurs pour demander la paix. Instructions qu’il leur donne pour le conseil et pour Publius Scipion en particulier.


Antiochus, après sa défaite sur mer, s’arrêtait autour de Sardes, et délibérait lentement sur ce qu’il devait entrepren-