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POLYBE, LIV. XXI.

Lettres du consul Lucius.


Séleucus et Eumène reçurent à Samos des lettres de la part de Lucius, consul, et de Publius Scipion, par lesquelles on leur apprenait que la trève demandée par les Étoliens leur avait été accordée, et que l’armée romaine marchait vers l’Hellespont. Les Étoliens mandèrent les mêmes nouvelles à Antiochus et à Séleucus. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Traité d’alliance entre Eumène et les Achéens.


Dans la Grèce, Eumène ayant député aux Achéens pour les engager à s’unir avec lui, il se fit une assemblée dans l’Achaïe, où l’on conclut et ratifia cette alliance, et les Achéens fournirent au roi mille hommes de pied et cent chevaux, et ils désignèrent pour chef Diophanes de Mégalopolis. (Ibid.)


Diophanes.


Diophanes le Mégalopolitain avait porté les armes sous Philopœmen pendant toute la longue guerre qu’avait faite Nabis, tyran de Lacédémone, dans le voisinage de Mégalopolis, et il s’était rendu fort habile dans le métier de la guerre. Il avait, outre cela, la mine haute et avantageuse, le corps robuste et redoutable, et ce que l’on estime principalement dans un homme de guerre, il était brave et entendait avec perfection le maniement des armes. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Eumène assiégé dans Pergame détourne les Romains d’accepter la paix proposée par Antiochus.


Antiochus s’étant répandu dans la campagne de Pergame, y apprit qu’Eumène arrivait. Dans la crainte que toutes les troupes de terre et de mer ne fondissent sur lui, pour éviter cet inconvénient, il résolut de proposer la paix aux Romains, à Eumène et aux Rhodiens. Il leva donc le camp et s’en alla à Élée. Vis-à-vis la place s’élevait une hauteur ; il y posta son infanterie. La cavalerie, au nombre de plus de six mille chevaux, il la fit camper dans la plaine, sous les murailles de la ville. Il prit son quartier entre l’une et l’autre, et de là, il députa à Lucius, qui était dans la place, pour traiter de la paix. Aussitôt le général romain assemble Eumène et les Rhodiens, et demande leur avis. Eudème et Pamphilidas n’étaient point éloignés de la paix ; mais Eumène dit qu’il n’était ni décent, ni possible de la faire actuellement, « Car, dit-il, où est la décence de faire des conventions quand on est enfermé de murailles ? Cela n’est pas non plus possible, puisque le consul n’est pas ici, et que sans son autorité nos conventions seraient sans force et ne pourraient subsister. Et d’ailleurs, quand du côté d’Antiochus il y aurait quelque apparence de paix, il ne nous serait pas permis, avant que le peuple et le sénat romain eussent ratifié notre traité, de nous retirer avec nos troupes tant de mer que de terre. Il ne nous reste donc qu’une chose à faire, qui est, en attendant leur décision, de nous mettre dans ce pays-ci en quartier d’hiver, de ne rien entreprendre les uns sur les autres, et de consumer les vivres et munitions que nous trouverons chez nos alliés. En cas qu’il ne plaise pas au sénat de finir la guerre, nous la recommencerons tout de nouveau, et avec l’aide des dieux nous sommes en état de la terminer. » Ainsi parla Eumène, et,