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POLYBE, LIV. XXIII.

dans le voisinage. Dans le fond, c’est qu’il craignait qu’un homme qui avait sa confiance, et à qui il n’avait rien caché, ne trahît devant le sénat tous ses secrets. Pour Cassandre, dès que les commissaires furent sortis de la Macédoine, il le fit embarquer ; mais il envoya des gens à sa suite qui l’empoisonnèrent en Épire.

Après le départ des commissaires, qui s’en allèrent bien convaincus que Philippe avait ordonné le massacre de Maronée, et qu’il était près de rompre avec les Romains, le roi de Macédoine faisant réflexion, seul et avec ses amis Apelles et Philoclès, que sa haine contre les Romains et le désir de se venger commençait à éclater, aurait bien voulu prendre incessamment les armes et leur faire ouvertement la guerre ; mais comme ses préparatifs n’étaient pas encore faits, il imagina un expédient pour gagner du temps. Il prit le dessein d’envoyer à Rome son fils Démétrius qui, ayant été long-temps en ôtage dans cette ville, et s’y étant acquis de l’estime, lui parut très-en état ou de le défendre contre les accusations qu’on pourrait intenter contre lui devant le sénat, ou de l’excuser sur les fautes qu’il aurait en effet commises. Il disposa donc tout ce qui était nécessaire pour cette ambassade, et avertit les amis dont il voulait que le prince son fils fût accompagné. Il promit en même temps aux Byzantins de les secourir, non qu’il prît beaucoup d’intérêt à leur défense, mais parce qu’allant à leurs secours, il jetterait la terreur parmi les petits souverains de Thrace qui règnent auprès de la Propontide, et les empêcherait de mettre obstacle au dessein qu’il avait de faire la guerre aux Romains. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Les commissaires romains arrivent en Crète et mettent ordre aux affaires de cette île.


Dans l’île de Crète, pendant que Cydates, fils d’Anticalces, faisait à Gortyne la fonction de premier magistrat les Gortyniens, tâchant par toutes sortes de voies de diminuer la puissance des Cnossiens et de resserrer leur domaine, avaient donné Lycastion aux Ranciens et Diatonion aux Lyctiens. Sur ces entrefaites arrivèrent en Crète, avec Appius, les commissaires qui avaient été envoyés de Rome pour pacifier les différends qu’avaient entre eux les habitans de cette île. Après quelque discussion, les Crétois s’étant laissé persuader de prendre les commissaires pour arbitres, ceux-ci rétablirent les Cnossiens dans la possession de leur ancien territoire, et ordonnèrent aux Cydoniates de reprendre les ôtages qu’ils avaient donnés et laissés à Charmion, et de sortir de Falasarne sans rien enlever de ce qui appartenait aux habitans. Ils leur laissèrent aussi la liberté de faire partie du conseil public, ou de n’y pas entrer, selon qu’ils trouveraient l’un plus avantageux que l’autre, pourvu qu’au reste ils se continssent dans les bornes de leur domaine. Ils accordèrent aussi la même permission aux Phalasarniens qui avaient été bannis de la ville pour avoir tué Menœtius, un des plus illustres de leurs citoyens. (Ibid.)


Ptolémée, roi d’Égypte.


Quand ce prince eut fait le siége de Licopolis, les principaux de l’Égypte furent effrayés et se rendirent à discrétion. Le roi en usa mal avec eux, et s’attira bien des malheurs. On vit arriver quelque chose de semblable lorsque Polycrates eut vaincu les rebelles.