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POLYBE, LIV. XXVI.

et alliés. Ils croyaient avoir déjà donné assez bon ordre aux affaires de la Lycie, il était triste pour eux de se voir menacés de nouveaux embarras ; car les Lyciens, sur le bruit de l’arrivée des ambassadeurs et de l’arrêt qu’ils avaient apporté, recommençaient à se soulever, et paraissaient disposés à revendiquer leur liberté à quelque prix que ce fût. De leur côté, les Rhodiens se persuadèrent qu’il fallait que les Romains eussent été trompés par les Lyciens, et députèrent Lycophron à Rome pour donner au sénat les éclaircissemens dont il semblait avoir manqué. Tel était à Rhodes l’état des affaires, et l’on y avait lieu de craindre que dans peu les Lyciens ne se révoltassent. (Ambassades.) Dom Thuillier.


VI.


Les Dardaniens députent à Rome pour demander du secours contre les Bastarnes et Persée.


Lycophron arrive à Rome, et y plaide la cause des Rhodiens ; mais le sénat diffère de lui répondre. En même temps que lui étaient venus des ambassadeurs de la part des Dardaniens, pour informer le sénat que leur province était inondée d’une multitude de Bastarnes, peuple d’une grandeur gigantesque et d’une valeur extraordinaire, avec lequel, comme avec les Gaulois, Persée avait fait un traité d’alliance ; qu’on y craignait encore plus ce prince que les Bastarnes, et qu’ils avaient été envoyés pour implorer le secours de la république contre tant d’ennemis, des députés de Thessalie attestaient la vérité des plaintes des Dardaniens, et demandaient aussi du secours pour eux-mêmes. Sur l’exposé de ces ambassadeurs, le sénat députa sur les lieux Aulus Postumius, suivi de quelques jeunes gens, pour examiner si le rapport qu’on lui faisait était fondé. (Ibid.)


VII.


Affaires de Syrie. — Commencement du règne d’Antiochus Épiphane.


Polybe, dans le xxvie livre de son Histoire, donne à ce prince le surnom d’Épimane, au lieu de celui d’Épiphane, à cause de tout ce qu’il a fait. Il rapporte sur lui les faits suivans : de temps à autre, à l’insu de ses ministres, on le voyait se promener çà et là dans les rues de la ville, accompagné d’une ou de deux personnes. Il aimait surtout à visiter les boutiques des sculpteurs et fondeurs en or et en argent, et conversait familièrement avec les ouvriers sur leur art. Il recherchait particulièrement la conversation des hommes du peuple, entamait des discussions avec le premier venu, et buvait avec les étrangers de la plus basse classe. Apprenait-il que des jeunes gens donnaient un festin dans quelque lieu, sans prévenir personne de son arrivée, il s’y rendait accompagné de joueurs de flûte et de symphonistes, folâtrait et s’abandonnait aux excès de la table, à tel point que parfois les convives, effrayés de sa présence inattendue, se levaient de table et s’enfuyaient. Souvent, dépouillant le manteau royal, il se promenait dans le forum, vêtu de la toge, comme un candidat devant les comices, donnant la main à ceux-ci, embrassant ceux-là, et sollicitant leurs suffrages pour se faire élire édile ou tribun du peuple. Avait-il obtenu la magistrature qu’il briguait, assis sur une chaise curule d’ivoire, à la mode romaine, il prenait connaissance des actions judiciaires, des causes commerciales, des contrats en litige, et prononçait ses arrêts avec l’attention la plus scrupuleuse.