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POLYBE, LIV. XXVIII.

la part des Rhodiens, pour renouveler l’alliance et demander la permission de transporter des blés. Ils avaient ordre encore de justifier Rhodes sur les mauvais bruits qu’on avait répandus contre cette île ; car personne n’ignorait qu’il y avait dans Rhodes une division intestine, qu’Agathagète, Philophron et Rodophon tenaient pour les Romains, et Dinon avec Polyarate pour Persée et les Macédoniens. De là les disputes fréquentes et les partages de sentimens dans les délibérations, d’où les gens malintentionnés contre la ville prenaient occasion de la décrier. Le sénat, quoique bien instruit, fit semblant de n’avoir rien appris de cette division. Il permit aux Rhodiens de transporter chez eux cent mille médimnes de blé de la Sicile, et se conduisit de même avec tous les autres Grecs qui étaient venus à Rome, et qui étaient affectionnés aux Romains. (Ibid.)


II.


Les Achéens assemblent leur conseil pour Caïus Popilius. — On lui accorde la même prérogative à Therme dans l’Étolie. — Division dans ce dernier conseil. — Délibération des Achéens sur l’ambassade des Romains. — Archon est fait préteur, et Polybe général de la cavalerie. — Attalus demande aux Achéens que les statues autrefois érigées à son frère Eumène soient relevées.


Pendant qu’Aulus Hostilius était en quartier d’hiver dans la Thessalie, il envoya pour ambassadeurs, dans toutes les villes de la Grèce, Caïus Popilius et Cnéius Octavius. Ils entrèrent d’abord dans Thèbes, dont ils louèrent fort les citoyens, et les exhortèrent à demeurer fermes dans l’amitié du peuple romain. Parcourant ensuite les villes du Péloponnèse, ils vantèrent partout la douceur et la modération du sénat, et, pour en donner une grande idée, ils ne cessaient de faire valoir le dernier sénatus-consulte fait en faveur des Grecs. On voyait par leurs discours que dans chaque ville ils connaissaient parfaitement, et ceux qui ne prenaient pas le parti des Romains avec assez de chaleur, et ceux qui y étaient sincèrement attachés ; on s’apercevait même qu’une simple tiédeur à embrasser leurs intérêts les choquait autant que si l’on y eut été tout-à-fait contraire : de façon qu’on ne savait pas trop quelles mesures l’on devait prendre pour ne pas se faire d’affaires avec eux. Dans le conseil qui se tint pour eux à Égium, on s’attendait, au moins le bruit en avait couru, qu’ils accuseraient et convaincraient Lycortas, Archon et Polybe, d’être opposés aux desseins des Romains, et que si, pour le moment, ces Achéens ne se brouillaient pas, ce n’était pas qu’ils fussent naturellement paisibles, mais parce qu’ils attendaient quelque incident qui leur en donnât l’occasion. Ils n’en firent cependant rien, faute de prétexte raisonnable. Ils se contentèrent d’exhorter civilement les Achéens à rester fidèles à la république, et passèrent ensuite en Étolie.

À Therme, on convoqua une nouvelle assemblée, où ils firent un long discours qui ne fut qu’une honnête et douce exhortation. Leur but, dans cette assemblée, était d’y demander des ôtages aux Étoliens. Dès qu’ils furent arrivés, Proandre se leva, fit un détail de quelques services qu’il avait rendus aux Romains, et s’emporta contre ceux qui l’avaient desservi auprès d’eux. Quoique Popilius n’ignorât pas que cet homme était contraire aux Romains, il ne laissa pas que de le louer et d’applaudir à tout ce qu’il avait dit. Lycisque prit ensuite la parole. Dans l’accusation qu’il intenta, à la vérité, il ne nomma personne, mais il en fit soupçonner plusieurs. Il dit que les