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POLYBE, LIV. XXVIII.

vérité qu’on ne peut contester pour peu qu’on ait de sens commun pour juger des choses. Il n’en a point donné, c’est un bonheur. Vainqueur, sa puissance serait devenue formidable ; vaincu, il aurait enveloppé un grand nombre de peuples dans son malheur. Il a pris une route contraire, et par là peu de Grecs se sont ressentis de sa mauvaise fortune. (Ibid.)


Décret des Achéens pour secourir les Romains contre Persée. — Polybe est choisi pour aller vers le consul en qualité d’ambassadeur. — Ambassade vers Attalus ; autre ambassade des Achéens vers Ptolémée. — Conférence de Polybe avec le consul. — Expédient de Polybe pour épargner à sa patrie de grandes dépenses.


Sur le bruit que Persée entrerait bientôt dans la Thessalie, et que la guerre avec les Romains allait se décider, Archon, voulant par des faits justifier sa patrie des soupçons et des mauvais bruits qu’on avait répandus contre elle, conseilla aux Achéens de faire un décret par lequel il serait ordonné qu’on mènerait une armée dans la Thessalie, et qu’on partagerait avec les Romains tous les périls de la guerre. Le décret ratifié, on donna ordre à Archon de lever des troupes et de faire tous les préparatifs nécessaires. On résolut ensuite d’envoyer au consul des ambassadeurs pour l’informer de la résolution que la république avait prise, et savoir de lui où et quand il jugeait à propos que l’armée achéenne joignît la sienne. Polybe fut choisi pour cette ambassade avec quelques autres ; mais l’on recommanda expressément à Polybe, en cas que le consul acceptât le secours de la république, de renvoyer au plus tôt les ambassadeurs pour en avertir, de peur que le secours n’arrivât trop tard. Il eut ordre aussi de prendre garde que dans toutes les villes où l’armée devait passer, il y eût des vivres et des fourrages tout prêts, et que le soldat n’y manquât de rien. Avec ces ordres, les ambassadeurs se mirent en marche. On dépêcha aussi alors Télocrite et Attalus pour lui porter le décret qui rendait à Eumène, son frère, tous les honneurs qu’on lui avait ôtés. La nouvelle s’étant en même temps répandue dans l’Achaïe, que la fête qui a coutume de se faire pour les rois mineurs, quand ils sont parvenus à l’âge de régner, avait été célébrée pour Ptolémée, les magistrats jugèrent que la république devait prendre part à cette joie, et députèrent Alcithe et Pasidas pour aller renouveler avec ce prince l’amitié qu’il y avait avant lui entre les Achéens et les rois d’Égypte.

Polybe, trouvant les Romains hors de la Thessalie, et campés dans la Perrhébie entre Azore et Doliché, crut qu’alors il y avait trop de risque à les joindre ; mais il eut part à tous les dangers qu’ils coururent pour entrer dans la Macédoine. Quand l’armée romaine fut arrivée aux environs d’Héraclée, comme alors le consul semblait avoir heureusement terminé ce qu’il y avait de plus difficile dans son entreprise, il prit ce moment pour présenter à Marcius le décret des Achéens, et pour l’assurer de la résolution où ils étaient de venir avec toutes leurs forces partager avec lui tous les travaux et tous les périls de cette guerre. Il ajouta que les Achéens avaient reçu avec une parfaite soumission tous les ordres qui leur avaient été signifiés de vive voix ou par écrit par les Romains depuis le commencement de la guerre. Marcius, après avoir remercié gracieusement les Achéens de leur bonne volonté, leur dit qu’ils pouvaient s’épargner la peine et la dépense où cette guerre les engagerait ; qu’il les dispensait de l’une et