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POLYBE, LIV. XXVIII.

de l’autre, et que, dans l’état où il voyait les affaires, il n’avait nul besoin du secours des alliés. Après ce discours, les collègues de Polybe retournèrent dans l’Achaïe. Il resta seul dans l’armée romaine, jusqu’à ce que le consul, ayant appris qu’Appius, surnommé Centon, avait demandé aux Achéens de lui envoyer cinq mille hommes en Épire, le renvoya dans son pays en l’exhortant de ne pas souffrir que sa république donnât ces troupes, et s’engageât dans des frais qui étaient tout-à-fait inutiles, puisque Appius n’avait nulle raison d’exiger ce secours. Il est difficile de découvrir le vrai motif qui portait Marcius à parler de la sorte. Voulait-il ménager les Achéens ou laisser Appius hors d’état de rien entreprendre ? Quoi qu’il en soit, quand Polybe rentra dans le Péloponnèse, les lettres d’Appius y avaient déjà été portées. Peu de temps après, le conseil assemblé à Sicyone pour délibérer sur cette affaire jeta Polybe dans un grand embarras. Ne point exécuter l’ordre qu’il avait reçu de Marcius, c’eût été une faute inexcusable ; d’un autre côté, il était dangereux de refuser des troupes dont les Achéens n’avaient pas besoin. Pour se tirer d’une conjoncture si délicate, il eut recours à un décret du sénat romain, qui défendait qu’on eût égard aux lettres des généraux, à moins qu’elles ne fussent accompagnées d’un sénatus-consulte qu’Appius n’avait pas joint aux siennes. Il dit donc qu’avant de rien envoyer à Appius, il fallait informer le consul de sa demande, et attendre ce qu’il en déciderait. Par là il épargna aux Achéens une dépense qui serait montée à plus de six-vingts talens, et donna beau champ à ceux qui auraient voulu le décrier auprès d’Appius. (Ambassades.) Dom Thuillier.


La ville d’Héraclée fut prise d’une manière tout-à-fait inusitée. Cette ville avait d’un côté un mur fort bas. Les Romains choisirent trois manipules pour attaquer la muraille de ce côté. Les soldats du premier manipule ayant placé leurs boucliers sur leur tête, formèrent une espèce de tortue, qui offrait l’apparence d’un toit contre la pluie, ensuite les deux autres manipules.....

La tortue militaire arrangée en faîte, ressemble beaucoup à un toit de maison. C’est une tactique habituelle aux Romains, comme le sont les jeux du cirque. (Suidas in Σημαία et in Κεραμωτόν.) Schweighæuser.


III.


Ambassade des Cydoniates, qui étaient dans l’île de Crète, vers Eumène.


Dans l’île de Crète, les Cydoniates craignaient d’autant plus que les Gortiniens ne s’emparassent de leur ville, que peu auparavant Nothocrate avait tenté cette entreprise, et que peu s’en était fallu qu’il n’eût emporté la place. Dans cette crainte, ils envoyèrent des ambassadeurs à Eumène pour demander du secours en vertu du traité d’alliance qu’ils avaient fait avec lui. Ce prince fit partir sur-le-champ trois cents hommes, à la tête desquels il mit Léon, à qui, dès qu’il fut arrivé, les Cydoniates remirent les clefs de la place, qui fut abandonnée à sa discrétion. (Ambassades.) Dom Thuillier.


IV.


Deux ambassades des Rhodiens, l’une à Rome, l’autre au consul dans la Macédoine. — Marcius trompe les Rhodiens. — Imprudence et légèreté de ces insulaires.


À Rhodes, les factions s’animaient toujours de plus en plus les unes contre