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POLYBE, LIV. XXX.

haine de Persée, s’en faire écouter, s’en faire croire, et s’approprier des trésors si considérables sans pouvoir donner à Persée aucune garantie solide dans le cas où il n’aurait pas tenu ses engagemens ? Comment espérait-il aussi tromper la vigilance des Romains en recevant tant d’or ? S’il l’eût fait pour le présent, comptait-il le faire toujours ? Il eût fallu payer ces richesses d’une guerre avec Rome, dans laquelle, une fois déclaré ennemi de la république, il eût perdu et l’argent soustrait, et son royaume, et peut-être la vie. Si, en effet, pour n’avoir pas agi, mais pour avoir seulement voulu agir, il a couru les plus grands dangers, que lui fût-il arrivé raisonnablement, son entreprise étant menée à fin ? (Ibid.)


Passons à Persée maintenant. N’est-il pas étrange qu’il ait cru trouver un parti plus sage et plus avantageux que celui de livrer ses richesses à Eumène, et de lui abandonner l’appât ? Car, si Eumène eût tenu sa parole et assoupi la guerre, l’emploi de cet argent était bon. Si Persée se fût vu trompé dans cet espoir, il jetait son ennemi dans la haine des Romains. N’était-il pas le maître de révéler toute cette intrigue ? Qu’il fût heureux ou malheureux dans la guerre, il le pouvait. Il regardait Eumène comme la cause de tous ses maux ; la meilleure vengeance à en tirer était de le rendre ennemi de Rome. Quelle est donc la cause de cette déraison manifeste ? l’avarice. Peut-on le nier ? L’un, pour avoir ce qu’il n’a pas, néglige tout et se charge de tout ; l’autre, pour éviter sa ruine, n’a pas le courage de faire un sacrifice.

Après cela, Persée dans l’affaire des Galates et celle de Gentius..... (Ibid.)




FRAGMENS
DU

LIVRE TRENTIÈME.


I.


Attalus, frère d’Eumène, court risque de perdre le royaume de Pergame. — Stratius, son médecin, le sauve de ce péril. — Des ambassadeurs rhodiens apaisent les Romains en faveur de leur île. — Astymède blâmé pour avoir justifié les Rhodiens aux dépens des autres Grecs. — Différens événemens arrivés aux Rhodiens dans le même temps.


Les ravages que les Gaulois avaient faits dans le royaume de Pergame mettaient Attalus, frère d’Eumène, dans la nécessité d’aller à Rome ; mais quand ce motif lui eût manqué, il avait un prétexte fort raisonnable pour faire ce voyage : il fallait féliciter le sénat sur la dernière victoire, et recueillir les applaudissemens qu’il méritait pour avoir pris part à la guerre contre Persée, et en avoir partagé avec les Romains tous les dangers. Il fut, en effet, reçu à Rome avec toutes les marques d’honneur et d’amitié que devait attendre un prince