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POLYBE, LIV. XXXI.

naïque ; que les députés romains iraient à Alexandrie ; qu’ils engageraient son aîné à consentir à ce que l’on souhaitait de lui ; qu’ils reviendraient le joindre sur ces frontières, et qu’ils amèneraient son frère avec eux. Ptolémée, sur la foi de ces promesses, abandonna le dessein de conquérir l’île de Chypre, licencia ses troupes étrangères, vînt en Crète avec Damasippe et C. Mérula, un des députés ; de Crète, avec quelques mille hommes qu’il y avait levés, il alla à Libyna, d’où il alla mouiller au port d’Apis.

Torquatus et Titus, arrivés à Alexandrie, firent tous leurs efforts pour porter l’aîné des Ptolémées à faire la paix avec son frère, et à lui accorder l’île de Chypre. Mais tandis que ce prince, tantôt en promettant quelque chose, tantôt en refusant d’en écouter d’autres, tâche de gagner du temps, le plus jeune, campé à Libyna avec ses Chypriotes, selon qu’il en était convenu, s’impatiente de n’apprendre aucune nouvelle. Il envoie Mérula à Alexandrie dans la pensée que deux députés auraient plus de pouvoir qu’un seul sur l’esprit de son frère. En vain il attend son retour ; le temps se passe, quarante jours s’écoulent sans qu’il apprenne rien de nouveau : son inquiétude est extrême. En effet, son aîné, à force de caresses, avait mis les députés dans ses intérêts, et les retenait chez lui, quelque répugnance qu’ils eussent à y rester.

Pendant ces délais, Ptolémée le jeune apprend que les Cyrénéens se révoltent contre lui ; que les autres villes entrent dans la même conspiration, et que l’Égyptien Ptolémée, qu’il avait fait gouverneur du royaume, lorsqu’il en était sorti pour aller à Rome, avait part à cette rébellion. Il apprend encore peu de temps après que les Cyrénéens sont en armes. Sur ces nouvelles, de peur qu’en voulant subjuguer l’île de Chypre il ne perde Cyrène, laissant là tout le reste, il prend la route de cette ville. Arrivé au lieu qu’on appelle la Grande-Descente, il trouve que les Libyniens, joints aux Cyrénéens, s’étaient emparés des détroits. Cet événement l’inquiète ; il partage sa petite armée en deux corps ; il en met un sur des vaisseaux, avec ordre de doubler les détroits et de tomber brusquement sur les ennemis ; il se met à la tête de l’autre, les attaque de front, et tâche de gagner le haut de la montagne. Les Libyniens, épouvantés de cette double attaque, abandonnent leur poste. Ptolémée se rend maître du sommet et d’un château fortifié de quatre tours qui y était, et où il trouva une très-grande abondance d’eau. De là, traversant un désert, il arriva en sept jours de marche à Cyrène, suivi des Mocuriniens qui s’étaient joints à ses troupes. Les Cyrénéens l’attendaient de pied ferme, campés et formant une armée de huit mille fantassins et de cinq cents chevaux. L’esprit de Ptolémée ne leur était pas inconnu ; ils savaient ce qui s’était passé à Alexandrie ; ils prévoyaient que ce prince les gouvernerai moins en roi qu’en tyran. Loin de se soumettre de bon gré à sa domination, ils résolurent de sacrifier tout à la défense de leur liberté. Ils osèrent, en effet, s’approcher de lui. La bataille se donna, et Ptolémée fut défait. (Ambassades.) Dom Thuillier.



Députation à Rome de la part du plus jeune des Ptolémées.


Mérula revient enfin d’Alexandrie, et déclare à Ptolémée que son frère avait rejeté toutes les propositions qu’on lui avait faites, et qu’il voulait qu’on s’en tînt aux articles dont on était convenu, et qu’on avait réciproquement acceptés.