Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 3, 1840.djvu/317

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L’épithète de vir illustris, que les commentateurs de Végèce lui donnent, suppose un homme distingué ; celle de comes Constantinopolitanus, dont Stewechius le qualifie d’après un ancien manuscrit, admet encore plus d’illustration, et même un grade important. Mais comme ce n’est ni la naissance, ni le rang qui règlent le mérite, il faut chercher celui de Végèce dans ses écrits, puisque ses actions nous sont inconnues.

Il ne nous reste de lui qu’un seul ouvrage, composé d’après les grands maîtres, comme il le dit. Quand Végèce ne ferait pas cet aveu, son livre, inégal dans le style, souvent obscur et plein de répétitions, révélerait assez qu’il sort de plusieurs sources. On doit regretter qu’entreprenant un pareil travail, il n’ait pas su discerner les différentes époques de la milice romaine, qu’il confonde ses usages avec ceux des Grecs, ne reconnaissant même pas que son ordre de bataille ressemble bien plus à ce qui se pratiquait de son temps qu’a l’ancienne ordonnance de la légion. N’oublions pas toutefois que Végèce est le premier écrivain du moyen âge qui ait traité méthodiquement et avec quelque détail toutes les parties de la guerre. Aucun auteur n’a cité les milices anciennes sans le nommer ; beaucoup l’ont fait en parlant de la guerre en général.

Végèce excelle dans les maximes. Ses conseils à l’empereur Valentinien sont pleins de sagesse et de vérités philosophiques ; tous ses préceptes sur l’art de la guerre renferment des principes sûrs. Le plan même de l’ouvrage est méthodique, traitant d’abord des levées et des exercices, puis de la légion et de son ordonnance, pour passer ensuite à la tactique et aux grandes opérations de la guerre.

Ce fut, comme on le suppose, sous le second Valentinien que Végèce écrivit son ouvrage. On était en paix alors, et Végèce sem-